au prince de la legende, parcourait l'epee a
la main cette facon de palais enchante.
Et, malgre toute sa force d'ame, il eprouvait le vertige du danger
inconnu. Une salle encore fut franchie, salle immense et somptueuse avec
ses colonnes de jaspe... la salle du trone; puis deux ou trois pieces
encore que Pardaillan traversa presque en courant, les yeux exorbites,
l'angoisse au coeur, en criant a pleine voix:
--Mais tout le monde a donc peur de ma rapiere, dans ce nid
d'assassins!..
Pardaillan se trompait: c'etait lui qui avait peur... peur du silence,
de la solitude, de l'inconnu. Brusquement, il fut rassure: il venait
enfin de penetrer dans une salle aux murailles nues. Mais, dans cette
salle, il y avait des hommes, des gens en chair et os, batis comme
lui!... Il respira longuement et se mit a rire, tout en tombant en
garde.
Ces gens etaient au nombre d'une trentaine. Ils etaient armes d'epees et
de poignards. Ils se tenaient debout, tout autour de la salle, contre
les murs. A l'entree de Pardaillan, aucun d'eux ne fit un geste. Et,
dans la minute qui suivit, il eut le temps de bien se rendre compte de
sa situation. Elle etait terrible...
D'abord, la porte, comme toutes les autres, venait de se fermer.
Ensuite, au milieu, au beau milieu du plancher, s'ouvrait un trou carre.
Au fond de ce trou, il entendait mugir les eaux de la Seine. S'il
faisait un faux pas en se defendant, il tombait dans le trou. S'il se
deplacait, en avant, en arriere, a gauche ou a droite, il se heurtait
aux aciers qui luisaient confusement dans cet antre a peine eclaire!...
Pardaillan se trouvait dans la salle des executions, c'est-a-dire dans
cette salle meme ou maitre Claude avait penetre pour etrangler Violetta.
Il y eut, comme nous l'avons dit, une minute de silence.
"Si je pouvais seulement m'acculer a un de ces angles!" songeait
Pardaillan.
Brusquement, retentit de l'autre cote des murs un bruit eclatant et
prolonge, semblable au bruit que peuvent faire deux cymbales violemment
heurtees l'une contre l'autre. Alors, les statues adossees aux murs
s'animerent et se mirent en mouvement, les epees en garde; dans le meme
instant, Pardaillan se vit au centre d'un cercle d'acier.
Ce cercle se resserra sans hate. Chacun de ces hommes, l'epee nue en
avant, marchait vers le trou noir qui beait. Ils ne semblaient pas voir
Pardaillan, ni s'occuper de lui. Seulement, la manoeuvre apparut au
chevalier d'une admirable simplicite: de que
|