de deux pauvres filles, dit tristement la Roussette.
--Croyez-vous? En etes-vous sures?... Moi, je ne sais pas. Ce que je
sais, c'est que vous me donnerez le signal, ou je suis decide a vous
poignarder de ma main.
Pardaillan tira sa dague. Les deux femmes s'interrogerent d'un regard
navre, pousserent un terrible soupir, et la Roussette, enfin, balbutia:
--Sur la porte, il y a une croix formee de cinq gros clous. Frappez
successivement sur ces cinq clous, en haut, en bas, a gauche, a droite
et enfin au centre: la porte s'ouvrira!...
Aussitot, elle couvrit son visage de ses mains et murmura en pleurant:
--Nous sommes perdues!...
--Vous etes de bonnes filles, dit Pardaillan avec une grande douceur:
vous me pardonnerez donc de vous avoir malmenees... Votre auberge vaut
douze a quinze mille livres... Je vous l'achete!
A ces mots, il vida sur la table le contenu de sa ceinture de cuir, et
il fit signe a Charles, qui l'imita sans hesitation. La Roussette et
Paquette, apercevant le tas de ducats d'or, furent instantanement
consolees, tout en gardant un restant de terreur a la pensee de la
vengeance qu'elles encouraient.
--Avec cet or, dit Charles, vous pouvez fuir...
--Bah! bah! s'ecria la Roussette plus enivree par la vue des ducats
qu'elle ne l'avait ete par le vin, pourquoi fuir, mon gentilhomme?...
--Mais les cordes?... les fameuses cordes qui se tendent si
lentement?...
--Bon. Nous jurerons que vous etes entres a l'auberge avec le cavalier
de tout a l'heure, et que c'est lui qui vous a indique le signal.
--Et si on ne vous croit pas?
--Alors, il sera temps de songer a fuir.
Pardaillan admira avec quelle facilite les femmes savent resoudre les
cas de conscience; puis, suivi de Charles d'Angouleme, il se dirigea
vers la salle somptueuse qui servait pour ainsi dire de transition entre
l'auberge et le palais. Il marcha droit sur la porte et vit les cinq
gros clous signales par la Roussette. Alors, du poing, il se mit a
frapper sur ces clous, dans l'ordre qui lui avait ete indique. Au
cinquieme coup, la porte s'ouvrit!...
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Apres le depart de Maurevert, Fausta avait renvoye ses femmes.
Fausta avait recu avec un calme etrange la nouvelle de la fuite de
Pardaillan. Demeuree seule, elle ferma soigneusement les portes, abaissa
les tapisseries qui les voilaient, lentement alla s'asseoir et se mit a
songer:
"Cet homme m'a dit qu'il ferait o
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