avoir entre le
bourreau et Violetta?... Car, ce bourreau, c'etait celui qu'on appelait
maitre Claude! Celui que Violetta aimait plus encore que son pere!...
--Que disent-ils? reprit Fausta.
--Ils ne disent plus rien. Ils semblent prives de sentiment. Cependant,
ils vivent encore; la poitrine du cardinal se souleve avec effort, et on
entend le souffle haletant de maitre Claude...
--Horrible? murmura Pardaillan qui palit.
Fausta souriait d'un sourire aigu qui montrait ses dents, admirables
perles qui brillaient, sous l'incarnat de ses levres...
--Qu'ont-ils dit? Qu'ont-ils fait depuis qu'ils ont commence a mourir?
Dans les premieres heures qui ont suivi la sentence du sacre tribunal,
les deux condamnes sont restes immobiles, chacun dans un coin, comme
prostres et abattus. Puis le bourreau a cherche un moyen de sortir.
Lorsqu'il eut constate l'impossibilite de la fuite, il s'est tenu
tranquille. Des heures se sont passees. Puis ils ont commence a souffrir
vivement, car ils se sont rapproches Fun de l'autre et ont cherche dans
un echange de paroles un oubli momentane de la souffrance.
L'homme parlait froidement; il ne faisait pas un recit; il faisait un
rapport, voila tout.
--Puis, continua l'homme, ils se sont separes a nouveau. Le cardinal
s'est assis dans un fauteuil et a ferme les yeux. Le bourreau s'est tenu
debout dans l'angle oppose, regardant fixement devant lui. Enfin, sont
arrivees les grandes souffrances. D'abord, des plaintes se sont elevees;
puis ces plaintes sont devenues des cris; puis ces cris sont devenus des
hurlements; la folie furieuse s'est declaree; tous les deux se sont
rues sur la porte qu'ils ont martelee de coups. Puis, peu a peu, apres
quelques heures de fureur, ils ont pleure, ils ont demande une goutte
d'eau...
--Affreux! oh! c'est affreux! haleta Pardaillan.
--Continuez, dit simplement Fausta.
--Enfin, ils ont commence de raler; les grandes souffrances sont passees
et l'agonie, je crois, est bien proche.
Fausta se tourna vers Pardaillan, qui, livide, essuyait son front. Et
elle dit:
--J'ai voulu, monsieur, vous faire savoir que ces deux hommes sont bien
pres de la mort...
Pardaillan fit un effort pour echapper a cette impression d'horreur qui
venait de le paralyser.
--Qu'on ouvre la porte de leur chambre, qu'on ranime les deux condamnes.
Qu'on les ramene a la vie et a la force par un prudent emploi de la
liqueur qui nous sert en pareil cas. Puis, quand ils sero
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