parue dans la prison et a sauve mon pere... et moi, par la meme
occasion. Le fils de Marie Touchet m'est sacre, madame. Alors, voyez
comme c'est simple: tout naturellement, je me suis mis a aimer ce
qu'aime mon seigneur duc, et j'ai eprouve une vive affection pour cette
pauvre petite bohemienne que vous avez voulu faire bruler vive... Me
suivez-vous, madame?
--Oui. Vous venez me demander Violetta. Mais j'ignore ou elle peut etre.
--Je viens, dit Pardaillan, vous demander la vie du pere de Violetta et
d'un autre malheureux; le prince Farnese et maitre Claude sont enfermes
ici, condamnes a mourir. Ce sont ces deux hommes que je suis venu vous
supplier humblement de rendre a la lumiere du jour.
Ici, Fausta etablit rapidement dans sa tete que quelqu'un autour d'elle
la trahissait. Car comment Pardaillan eut-il appris que Claude et
Farnese etaient enfermes dans son palais? Elle dedaigna de se demander
qui etait ce traitre.
--Ainsi, fit-elle d'une voix qui resonna avec une etrange douceur, vous
etes venu vous faire tuer ici dans l'espoir de sauver deux hommes que
vous ne connaissez pas?
--Je crois que vous faites erreur, madame, dit Pardaillan. Je suis bien
venu pour sauver ces deux hommes, mais je ne suis pas venu pour me faire
tuer, puisque je vous ai dit tout au contraire qu'il est necessaire que
je vive encore. Je vous propose un marche, voila tout, estimant que
la vie de Jacques Clement que je tiens dans mes mains vous est plus
precieuse que la vie de Farnese et de Claude. Me serais-je trompe?
ajouta-t-il avec une inquietude reelle, si reelle qu'elle eut pu
paraitre feinte a toute autre que Fausta.
--Vous ne vous etes pas trompe, dit-elle gravement. Et la preuve c'est
que je fais grace a ces deux hommes, condamnes pourtant par un tribunal
dont les sentences sont sans appel.
Pardaillan demeura stupefait. Il ne pouvait croire que la ruse naive
qu'il venait d'employer eut si pleinement reussi.
Mais Fausta venait de frapper deux coups sur le timbre. Un homme entra,
et, au moment ou il souleva la tapisserie, Pardaillan put voir derriere
cette tapisserie des gens immobiles, l'epee a la main.
--Que font les prisonniers? demanda Fausta.
--Le prince Farnese est assis dans un fauteuil, et le bourreau couche
sur le tapis.
"Le bourreau!" s'exclama Pardaillan en lui-meme; Une sorte d'angoisse
l'envahit. Une sueur froide pointa a son front. Quel etait ce
bourreau?... Quelle mysterieuse accointance pouvait-il y
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