ce? reprit la Fausta.
--Les douze ordinaires. Mais...
--Silence. Faites prendre les armes aux gardes et surveillez toutes les
issues. Que les gentilshommes de service se tiennent prets a entrer ici
au premier coup de sifflet. Allez.
L'homme fit une genuflexion et sortit. Pardaillan sourit. Les mesures
prises par la Fausta le soulageaient d'une inquietude. Cette femme etait
peut-etre une tigresse, mais c'etait une femme. Maintenant, il etait sur
d'avoir affaire a des hommes. Cette pensee le rassura.
--Qui etes-vous? demanda la Fausta, comme si elle eut vu alors pour la
premiere fois l'homme qui etait devant elle.
--Madame, dit Pardaillan, je suis celui a qui vous avez fait commettre
une impardonnable faute. Grace a votre habilete a vous deguiser, grace a
l'incomparable souplesse avec laquelle vous maniez l'epee, vous m'avez
force, devant la Deviniere, a vous prendre un instant pour un homme;
vous m'avez force a croiser le fer avec une femme; vous m'avez force a
toucher cette femme au front... C'est une chose que je ne me pardonnerai
jamais, madame...
Pardaillan, son chapeau a la main droite, la main gauche appuyee a la
garde de la rapiere, l'oeil doux, la figure paisible, parlait avec un
accent de profonde sincerite. Fausta jeta sur lui un furtif regard. Et
ses yeux, a elle, se troublerent. Son sein palpita.
Il est certain que, si elle etait une magnifique expression de la
splendeur feminine, Pardaillan, dans cette attitude un peu theatrale,
mais qui lui seyait a merveille, avec son visage rayonnant de
generosite, etait un, admirable type de beaute masculine.
Fausta comprit qu'elle avait devant elle un adversaire digne de sa
puissance.
--Monsieur de Pardaillan, dit-elle, je vous pardonne d'etre entre ici
sans y etre appele. Je vous pardonne de m'avoir touche au front. Mais je
vous declare que vous ne sortirez pas d'ici vivant. Vous avez entendu
les ordres que j'ai donnes?
Pardaillan fit oui de la tete. Fausta reprit avec un sourire livide:
--Je vous pardonne aussi, puisque vous allez mourir, d'avoir surpris mes
secrets, de savoir qui je suis.
Pardaillan s'inclina.
--Madame, dit-il avec cette charmante naivete de la voix et du regard
qui n'appartenait qu'a lui, puisque vous voulez bien me pardonner tout
cela, pourquoi donc voulez-vous me tuer?...
Fausta devint plus pale qu'elle n'etait. Et ce fut d'une voix morte,
sans accent, qu'elle repondit:
--Vous allez comprendre d'un seul coup, mons
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