le fort.
Un conge general fut donne pendant la veillee, et les soldats en
profiterent largement.
La plupart se rendirent au premier restaurant, dont le proprietaire
avait offert aux volontaires une espece de theatre situe au fond de la
batisse..
Un concert impromptu fut donne, chacun des volontaires presents y
prenant part. On y representa la pantomime du _Barbier de Seville_;
plusieurs chansons comiques, des danses et des jeux sur la barre
horizontale remplirent le reste du programme. La soiree se passa de
la maniere la plus gaie et pour plusieurs, la paie recue la veille, y
passa. Pendant la journee le juge Rouleau et le sherif Chapleau vinrent
faire visite aux officiers. Pendant le peu de temps qu'ils passerent aux
casernes, ils discuterent la question du jour, et donnerent plusieurs
conseils aux officiers sur les precautions a prendre pendant le voyage
qu'ils allaient entreprendre. Le mot de passe, cette nuit, etait
"Calgarry."
Dimanche matin, a peine leve, chacun alla a la riviere se donner un bon
lavage, puis proceda a sa toilette, car pour la premiere fois depuis le
depart de Montreal, on devait avoir une basse-messe. A sept heures
et demie tout le monde etait pret et le bataillon se dirigea vers la
mission a environ deux milles du camp. Apres vingt minutes de marche
on vit poindre a une faible distance l'humble croix de bois qui
orne l'entree de la petite chapelle. Cette maison, oeuvre des pieux
missionnaires etablis dans cette partie du pays avant meme que
le premier commercant y eut fixe sa baraque, n'est pas un modele
d'architecture, mais semble plutot avoir conserve le cachet d'humilite
qui caracterisait le premier apotre qui l'a habitee. Le rez-de-chaussee
sert de logis au missionnaire, et le second etage est la maison du
Seigneur. L'impression des volontaires au moment ou ils penetrerent dans
cette modeste chapelle a peine assez grande pour les contenir tous est
difficile a depeindre. Habitues a aller adorer Dieu dans des temples ou
le peintre rivalise de perfection avec l'architecte, ou la civilisation
moderne a fait tailler dans le bronze et le marbre des autels
grandioses, ils se sentaient emus de voir que Dieu habitait ce faible
reduit; quatre murs blanchis, deux prie-Dieu, un petit maitre-autel, ca
et la quelques statues de la Vierge et de St. Joseph et une: centaine de
bancs en bois brut etaient tout l'ameublement de la Mission.
Mais c'est toujours le meme Dieu qui y reside!
Celui qui cr
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