dix-huit ans deja, et qui
s'est echappe du camp de Gros-Ours ou il etait prisonnier depuis deux
mois, ayant reussi a persuader ses Sauvages de se separer de Gros Ours,
vient nous voir; il est recu a bras ouverts surtout par le Pere Provost
auquel il remet la croix du Pere Fafard toute maculee du sang de ce
martyr et aussi d'autres reliques. Il se rend aupres du General pour
interceder pour ses ouailles.
10 de juin.--Farniente. Beau temps chaud. Le general envoie le pere
Legoff et le pere Provost aupres des Montagnais avec l'ultimatum
suivant: "Soyez au camp demain a midi ou je brule tous vos
etablissements et je vous chasse." Dans la soiree les maringouins
reviennent avec du renfort, on redevient jambons.
11 de juin.--Rien d'extraordinaire aujourd'hui, a part l'arrivee du
Capt. Giroux avec sa compagnie. Le Lt.-Col. Williams etait retourne au
Lac aux Grenouilles sur l'ordre du General. Encore les moustiques!
12 de juin.--La nuit a ete tres-fraiche. Les Montagnais viennent trouver
le general et se livrent a lui. Moustiques! Moustiques!
13 de juin.--Beau temps frais. Un petit orage vient de temps a autre
varier l'uniformite de la temperature. Le general envoie un detachement
de l'Infanterie Legere de Winnipeg, fort de cent hommes, intercepter la
route de Gros-Ours.
14 de juin.--Meme temperature que la veille. On eut la messe vers les
sept heures. Dans l'apres-midi, quelques officiers vont visiter le camp
des Sauvages. Un triste spectacle s'offrit a leur vue. Denues de tout,
le corps a peine vetu de quelques haillons ramasses un peu partout et
formant un assemblage de costumes les plus bizarres, les malheureux
Montagnais etaient etendus sous leurs tentes usees et dechirees. Jamais
pauvrete plus abjecte n'habita plus miserable abri. Les officiers
revinrent au camp tout pensifs, songeant aux milliers de familles
eparses dans la vaste plaine dont la misere trouvait un tableau dans
celle des pauvres malheureux qu'ils venaient de visiter.
15 de juin.--La nuit fut tres-froide. Quand le reveil sonna le matin,
on fut quelque peu surpris de voir les tentes entourees d'une epaisse
couche de neige; le lac situe pres du camp etait lui-meme couvert d'une
couche de glace d'un quart de pouce d'epaisseur. Le colonel Smith quitta
le camp, accompagne de cent hommes de l'Infanterie Legere de Winnipeg,
pour des regions inconnues. Dans le cours de l'apres-midi le general
Middleton arriva accompagne de son etat-major et en commandeme
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