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frere seul la-bas souhaite ton retour; mais regarde autour de toi toutes
ces figures rejouies de te voir circuler au milieu d'elles, vois ces
cent mains amies qui t'offrent; la plus genereuse amitie et si tu
pouvais lire dans les coeurs, tu ne te trouverais pas tant a plaindre,
car au lieu d'un seul frere tu en as cent et plus, de vrais freres,
ceux-la, des freres d'armes, dont l'amitie est franche et devouee.
Tous se rappelleront longtemps ta conduite heroique a la Butte aux
Francais et tant que le 65eme existera, tu y trouveras toute une
famille.
Si, plus tard, quand tous ceux qui ont fait partie de la derniere
expedition auront quitte ce monde pour un meilleur, tu restais seul a
penser a l'annee 1885, nos enfants respecteront tes cheveux gris et
chacun saluera en toi le heros de la Butte aux Francais.
Vers les dix heures, on fit les honneurs militaires au defunt Col.
Williams. Tous les bataillons suivaient la depouille mortelle en
silence. Les Midlands, les Grenadiers, le 65eme Carabiniers Mont-Royaux,
le 90eme Infanterie Legere de Winnipeg, puis les Queen's Own montent
l'un apres l'autre la colline, et traversent le village. A la porte du
Fort, le 65eme fait volte-face et quelques officier, seulement entrent
pendant que le bataillon revient sur ses pas.
Arrives au rivage, huit sergents prennent le cercueil du sergent
Valiquette et le deposent dans le wagon funeraire. La compagnie No. 4
suit le corps puis viennent les autres compagnies.
[Illustration: SERGENT VALIQUETTE.]
Apres un quart d'heure de marche, on arrive a la porte de la chapelle de
la Mission. Tous prennent part aux chants sacres que l'eglise ordonne
en pareille circonstance, puis le Revd pere Provost nous adresse des
paroles appropriees, comme toujours, au triste evenement. Sa voix est
touchante, ses accents sont ceux d'un coeur paternel; le Colonel Ouimet
essuie une larme qui vient mouiller sa paupiere; le Capt. Roy pleure
comme un frere aine aux funerailles du plus jeune de la famille, et tous
sont plus emus qu'ils ne voudraient le paraitre. La ceremonie finie
chacun retourne au bateau en silence.
Ayant obtenu la permission de visiter le village, plusieurs se dirigent
a la hate vers le premier magasin, pour utiliser les quelques sous qui
pesent dans leur gousset.
Il y avait encore une centaine de maisons eparpillees de distance en
distance. Les dames sont a leurs portes et nous saluent sur notre
passage. Toutes sont contentes et
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