et en route! Apres un
quart d'heure de marche, l'on s'arreta vis-a-vis la porte d'entree d'une
marquise. De petites croix rouges, posees ici et la, annoncaient au
passant que les blesses seuls etaient entres sous cette tente. On placa
immediatement les nouveaux arrivants dans un endroit reste libre, a
gauche de la porte d'entree. Ils eurent leur lit l'un pres de l'autre.
Pendant qu'avec mille precautions l'on descendait les malheureux Lemay
et Marcotte de la voiture, le caporal Lafreniere sautait a terre et
se choisissait une bonne place sous la tente ambulanciere. Il prit le
premier lit a gauche. Le second fut donne a l'homme de police McKay qui
avait ete, comme Lemay et Marcotte, blesse a la Butte aux Francais et
qui souffrait beaucoup de la jambe gauche ou la balle l'avait frappe.
La troisieme place etait occupee par le brancard de Lemay qu'on avait
decore du nom de lit a cause des quelques couvertes qui pouvaient
proteger le blesse contre les intemperies du climat. Marcotte etait le
quatrieme et occupait un lit semblable a celui de Lemay. Il y avait en
tout vingt-quatre lits dans la tente, en deux rangees, serres les uns
pres des autres, ne laissant qu'un etroit passage entre eux. Les autres
lits etaient tous occupes par des blesses de l'Anse au Poisson et de
l'Anse du Coup de Couteau qui etaient, a l'arrivee de nos freres en etat
de convalescence. Pendant la premiere semaine ils furent relativement
bien traites; pendant que Lafreniere profitait du beau temps pour aller
a la peche, le chirurgien-major Strange donnait ses soins a Marcotte.
Enfin, au bout d'une dizaine de jours, la balle etait extraite sans trop
de douleur, et Marcotte pouvait esperer un retablissement rapide. Lemay
ne souffrait guere que de la fievre, mais etait trop faible pour remuer
sur son lit. Ils purent alors apprecier la valeur des services de leur
confrere du 65e, le soldat Gauthier, qui etait leur infirmier. Toujours
patient, toujours devoue, il se rendait de bonne grace aux prieres des
blesses et en avait soin comme un frere de charite.
[Illustration: SOLDAT MARCOTTE.]
Aussi quelle difference quand, pour une raison quelconque, il
s'absentait de la tente. Aussitot les soldats anglais qui pouvaient se
promener s'approchaient des pauvres Lemay et Marcotte, leur riaient
au nez et venaient s'etablir au pied de leurs lits pour manger des
confitures ou des gelees dont ils se gardaient bien de leur offrir la
plus petite partie. Il est bon de re
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