l'est. Ce sont des
bateaux plats d'un modele tout a fait primitif. Ils sont au nombre de
quatre. L'un le "Nancy" est occupe par l'etat-major du 65e, le general
Strange ayant pris le chemin de terre accompagne de l'Infanterie Legere
de Winnipeg; un autre le "Bauset" est sous le commandement du capitaine
Bauset; le troisieme le "Roy du Bord" sous les ordres du capitaine Roy;
chaque capitaine a sa compagnie a son bord.
Le plus grand s'appelle "Big Bear." Il mesure pres de soixante pieds
de longueur sur une largeur de vingt pieds. Il est commande par le
capitaine Villeneuve, assiste des lieutenants Lafontaine et Robert. Il y
a a bord trente-sept hommes de la compagnie No. 5, dix de la compagnie
No. 6, deux sergents d'etat major, quatre hommes de l'Infanterie Legere
de Winnipeg et trois bateliers. Outre ceux-ci, il y a un officier
pourvoyeur. Le navire a un pont large de six pieds qui s'etend de chaque
cote. On dort dans le fond de cale sur du foin et le pont est l'unique
ciel de lit ou vont se perdre les reves de gloire des soldats. Cette
premiere journee de voyage par eau a ete belle et la nouveaute du genre
de transport amusait beaucoup les soldats.
La riviere Saskatchewan n'est pas bien large; ses rives sont elevees et
magnifiquement boisees. Il y a plusieurs baies qui fournissent a l'oeil
du voyageur des scenes ravissantes. L'eau est generalement peu profonde
et a une apparence bourbeuse.
[Illustration: CAPITAINE ROY]
Vers une heure et demie a.m., apres avoir fait une dizaine de milles,
les bateaux arretent. Rien de plus simple que le systeme de navigation a
bord des bateaux sur la Saskatchewan. On n'a qu'a suivre le courant qui
est tres fort; de temps a autre, un coup de rame habilement donne suffit
pour changer la direction du bateau et eviter un banc de sable.
Apres le souper, plusieurs montent la cote et assis autour d'un bon feu
repetent les gais refrains du pays. Le temps est serein et du haut du
ciel la lune et les etoiles sourient a l'insouciance des chanteurs et
paraissent repeter dans leurs spheres sublimes les accents emus de
tous ces coeurs canadiens. Quand le clairon sonna le coucher, chacun
descendit en silence au bateau et alla continuer sous le pont un reve
inacheve.
[Illustration: CAPITAINE VILLENEUVE]
Le lendemain reveil a cinq heures et demie. Depart a six heures. Il fait
froid. Rien d'extraordinaire a bord. Chacun s'ennuie de la maniere qui
lui deplait le moins. La pluie tombe penda
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