nt la veillee. A la nuit
tombante on arrete a un endroit connu sur la carte sous le nom de St.
Paul, ou existait autrefois une mission florissante desservie par les
Peres Oblats; mais qui a ete detruite il y a onze ans par un feu de
prairie. Ce n'est plus aujourd'hui qu'un coin du desert.
Le 22 de mai, vers une heure du matin, quelques coups de feu
reveillerent les dormeurs en sursaut, et le clairon sonna l'alerte. Dans
l'espace de quelques minutes, les soldats etaient descendus a terre et
attendaient, en bon ordre, les commandements de leurs capitaines, qui
s'elancerent a la tete de leurs hommes et gravirent, au pas de course,
la berge escarpee.
Aussitot arrives au haut de la cote, les soldats recurent ordre de se
deployer en tirailleurs. Une fusillade assez vive se fit entendre a la
gauche du premier detachement et donnait a croire que la ligne etait
engagee. Sur l'ordre du Colonel, le feu cessa, et une patrouille fut
envoyee en avant sous le commandement du major Prevost. Ce dernier fit
deployer ses hommes en tirailleurs et fit tirer une decharge dans la
direction ou l'ennemi semblait s'etre retire. Quelques minutes plus
tard, le major revint et annonca qu'il n'avait rien vu. Jusqu'a deux
heures et demie les troupes resterent sur la cote toutes armees, puis
l'on descendit aux bateaux ou l'on coucha sous les armes.
Il faisait un temps des plus desagreables, froid et pluvieux, et
plusieurs se trouvaient couches sur la paille humide.
Malgre le mauvais resultat de cette sortie, executee pendant les
heures les plus sombres de la nuit, cela eut un bon effet. Les soldats
prouverent qu'ils etaient prets a toute eventualite. Le bon ordre et
l'alacrite qu'ils mirent dans leur reponse a l'appel de leurs chefs ne
sauraient etre trop loues. Loin de trembler ou d'hesiter, ils etaient
tous gais et trouverent moyen de s'amuser de certaines petites scenes
dont ils ne furent pas lents a saisir le cote ridicule. Plusieurs
temoignaient hautement leur desappointement d'etre revenus sans avoir
tue un seul ennemi. Les eclaireurs rapporterent qu'ils avaient vu les
pistes des Sauvages en differents endroits sur le haut de la cote.
[Illustration: LT. BRUNO LAFONTAINE]
Aujourd'hui l'on arreta a un mille de Saint-Paul, ou l'on passa la nuit.
Ce soir, instruit par l'evenement de la veille et craignant la
repetition de l'attaque, le Colonel ordonna de monter les tentes sur un
plateau a cinquante pieds du rivage. Une forte garde fut
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