le depart sonne. Apres trois heures et demie de marche
a travers des chemins impraticables, la premiere colonne arrive au Lac
aux Grenouilles. A peine arrives, quelques soldats, mettant de cote la
fatigue du matin, se dirigent vers la scene des massacres et y trouvent.
quatre cadavres. Le fait ayant ete rapporte au general, une escouade de
la compagnie No. 3 est chargee de les enterrer. Certains indices portent
a croire que ce sont les corps de Quinn et Gouin; de meme que les autres
victimes de la sinistre journee du 3 avril, ils sont a demi carbonises
et n'ont plus de forme humaine. Ce triste devoir ayant ete rempli, le
clairon sonne le depart. Le paysage aux alentours du Lac aux Grenouilles
est magnifique. La marche se continue pendant l'apres-midi. Le temps et
les chemins sont des plus mauvais. Les soldats arrivent au camp epuises
de fatigue et ne sont pas lents a se reposer.
6 de juin.--La nuit a ete belle. A six heures et demie du matin, l'on se
remet en route. Apres quatre heures de marche on fait la halte ordinaire
pour le repas du midi. Le temps se continue beau. Vers les trois heures
de l'apres-midi la marche se reprend et se continue jusqu'a six heures.
Au lieu de faire monter les tentes, les officiers distribuent a chaque
soldat sa ration pour deux jours et, ces derniers l'ayant mis dans leurs
sacs a pain, la route se continue. Il fait assez clair, mais les chemins
sont plus impraticables que jamais. Ce n'est plus qu'une suite de
_swamps_ ou marais profonds et interminables, ou l'on patauge dans l'eau
jusqu'a la ceinture, sur une distance de deux cents verges. Pour comble
de desagrement, l'affut du canon se trouve embourbe, et, les chevaux n'y
pouvant plus rien, tous mettent la main au cable, quelques-uns l'epaule
a la roue et, a force de travail et de misere, on reussit a conserver le
canon que les soldats anglais de Winnipeg etaient disposes a sacrifier
plutot que de faire le travail herculeen dont le 65e s'acquitte avec
bonne humeur. Le devouement du 65e en cette circonstance, pour
sauver, le canon, lui a valu de la part des Anglais le sobriquet de
"crocodiles". Il etait onze heures et demie a.m. quand on se coucha
autour des feux du bivouac et sans abri.
7 de juin.--La nuit parut longue et triste. Apres les fatigues de la
veille on se trouva sans couverte ni capote. Chacun s'etendit du mieux
qu'il put autour d'un bon feu, au risque de se reveiller les cheveux
brules et les pieds geles. Quand l'on se rev
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