est La guerre, indienne dans tout ce qu'elle a de plus feroce et de
plus barbare.
Les rapports des eclaireurs ne tendaient pas peu a exciter l'impatience
des soldats de rencontrer enfin l'ennemi. Voici, par exemple, ce
qu'on leur avait rapporte concernant madame Delaney. "Apres l'avoir
cruellement maltraitee, les Sauvages la depouillerent de tous ses
vetements, et, lui ayant attache les pieds, lui disloquerent les
jointures des hanches. Puis toutes ces brutes l'outragerent, chacun leur
tour, jusqu'a ce qu'elle fut morte et continuerent tarit que le cadavre
fut chaud."
[Illustration: CAPITAINE BEAUSET]
Une autre fois on rapporta que le facteur de la compagnie de la Baie
d'Hudson a Fort Pitt, un nomme McLean, qui connaissait quelques-uns des
chefs qui accompagnaient Gros-Ours, et qui croyait pouvoir sans danger
s'approcher d'eux, comptant sur leur amitie passee, s'etait rendu a leur
camp. Gros-Ours le retint prisonnier et l'installa cuisinier en chef de
sa bande. Les deux demoiselles McLean, agees respectivement de seize
et de dix-huit ans, avaient voulu accompagner leur pere; elles furent
donnees pour epouses a deux des sous-chefs de la bande. Qui dit epouse,
dit esclave. C'est au moment ou les esprits des soldats etaient montes
par ces differents recits, qu'on trouva dans la prairie une chemise qui
portait les initiales d'une des demoiselles McLean. Elle etait dechiree
aux epaules et tachee de sang dans le bas. Pour tous, il n'y avait
pas l'ombre d'un doute que la jeune fille n'eut souffert les derniers
outrages.
Vers deux heures de l'apres-midi, on enterra le cadavre du jeune Cowan.
Le service funebre fut fait par un ministre protestant, et ses camarades
tirerent plusieurs coups de fusil en son honneur. Un enterrement dans de
telles circonstances, au milieu de la solitude, surtout lorsque l'ame
est en proie a de noirs pressentiments, fait une penible impression sur
tous ceux qui en sont temoins.
Tous retournerent aux bateaux l'esprit songeur, interrogeant l'avenir
avec crainte pour savoir si leur sort ne serait pas le meme que celui de
ce malheureux jeune homme, mais disposes a faire leur devoir jusqu'au
bout.
Une partie des compagnies Nos. 5 et 6 fut laissee au Fort sous le
commandement du capitaine Giroux et du lieut. Robert, avec ordre de
reparer le fort et d'y tenir garnison. En quatorze heures le travail de
reconstruction du fort etait termine.
[Illustration: CAPITAINE GIROUX.]
Le 27 de mai, le
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