le sang-froid du major Perry.
Jamais les chemins n'avaient ete aussi mauvais; a un certain endroit,
nous eumes a traverser un ruisseau, et comme l'eau etait trop haute pour
passer a pied, le major nous dit de monter dans les waggons. A peine
arrives de l'autre cote, il y avait une cote a monter. Depuis une
journee ou deux, les charretiers ne semblaient plus nous traiter aussi
amicalement, ce n'etait qu'avec peine que Pou reussissait a les faire
consentir a embarquer un soldat epuise par la fatigue de la route. Or
ce matin-ci, le sergent Beaudoin de la Cie No. 1 etait monte avec deux
soldats dans une voiture. A peine arrive au bas de la cote, il sauta a
terre et, voyant sa carabine entre les roues de la voiture, il cria; ail
charretier d'arreter, en meme temps qu'il se baissait pour la prendre.
Loin d'arreter le charretier lui repondit grossierement et frappa le
sergent avec son fouet. En un clin-d'oeil, vingt crosses de carabines
etaient levees sur le charretier et, n'eut-ce ete l'intervention prompte
du major Perry, il aurait ete tue sur place. Par respect pour le
commandant, les soldats se calmerent un peu et, apres quelques
explications, le charretier fut severement reprimande, en attendant une
enquete qui devait avoir lieu le soir meme au camp. Le soir, l'enquete
eut lieu. Le charretier fut renvoye avec sa charge et tout son salaire
fut retenu pour payer la carabine brisee.
Malgre tout cela, il y eut fete au camp ce soir-la, On mangea du bacon,
dont le major Perry nous avait fait present. C'etait bon, car c'etait
nouveau; depuis Calgarry nous n'avions eu que du corn beef et des
hard-tacks.
Lundi, les chemins continuerent a etre mauvais comme la veille. A un
certain endroit surtout ou il fallait traverser un ruisseau sur des
branches, posees dans ce but, trois soldats perdirent pied et tomberent
a l'eau: ils en furent quittes pour un bain froid et quelque peu vaseux.
Une couple d'autres ruisseaux plus profonds furent passes sur des
charrettes. Apres douze milles de marche, nous nous arretames vers les
onze heures. Pendant que les cuisiniers preparaient le repas du midi, le
bataillon fut rassemble et le major Robert nous lut les ordres du jour
entre autres le suivant: 1. Obligation stricte de ne pas se debarrasser
de ses armes ni de ses munitions pendant la marche. A peine retournes a
nos places sous les charrettes, une rumeur commenca a circuler, parmi
les soldats, que Gros-Ours venait a notre rencontre. Ceci join
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