ne rive
a l'autre. L'apres-midi fut donnee au repos. La seule interruption fut
l'arrivee de transports venant du nord. Un des charretiers rapporta que
l'on s'attendait a une attaque a Edmonton; ce qui ne nous encouragea pas
un peu a partir au plus tot pour rejoindre nos freres et leur aider.
Le soir, il y eut grande fete au camp. L'on imita le pow-wow (danse de
guerre) des Sauvages. Une dizaine de soldats du 65e ainsi que deux ou
trois de la police a cheval se vetirent de couvertes et executerent a
la lettre un programme imaginaire. Apres, l'on eut ce que les Anglais
appellent: "Tug of war," La soiree se termina par des chants canadiens,
puis chacun s'en fut se coucher. La nuit fut tres-froide.
Le 1er de mai au matin le lever eut lieu a cinq heures. On alla se laver
a la riviere, puis avant dejeuner, tous se mirent a genoux pour chanter
"_l'Ave maris Stella_." Apres dejeuner, l'on se hata de traverser ce
qui restait sur l'autre rive et, a midi, nous pliions bagage. A quatre
heures nous nous mimes en route, notre depart ayant ete retarde par la
difficulte qu'on eut a traverser les chevaux. Apres quelques milles de
marche, nous choisimes un bon endroit pour camper, et, a neuf heures,
nous nous reposions sous la lente a cent-quatre milles d'Edmonton. Ce
jour-la, le major Perry nous fit de grands compliments. Il nous dit
qu'il avait deja commande des soldats aussi courageux et obeissants,
mais qu'il n'en avait, jamais commandes d'aussi gais. Le mot de passe
cette nuit fut "Big Bear," mot significatif; ce qui cependant ne troubla
le sommeil d'aucun soldat.
Pendant la nuit, le major Perry recut une depeche du general Strange.
Personne n'en apprit bien long sur le contenu de ce message. La rumeur
circula cependant que l'on avait recu ordre de faire le voyage en quatre
jours, et que l'on etait averti que les Sauvages nous attendaient a
quarante milles. A six heures, le lendemain, nous partions de nouveau.
Le temps etait devenu beau. Vers le midi, cependant, la chaleur devint
insupportable. Chacun cherchait l'ombre, et s'etendait du mieux qu'il
pouvait sous une charrette quelconque. Vers deux heures on repartit. On
traversa bientot le ruisseau de la Tortue, sur lequel l'aile droite du
bataillon avait pose un pont assez solide. Vers les cinq heures, l'on
arriva a la Riviere Bataille que l'on traversa sur des charrettes.
Nous campames a un mille environ au nord de la riviere. Nous etions a
trente-cinq milles au nord de la Rivie
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