es 28 et 29 avril, la marche fut encore plus penible que d'habitude. Il
fallait traverser des marais puants, et aider les chevaux a tirer les
waggons de la boue noire ou ils etaient enfonces; puis lorsque les
chemins etaient beaux, les voitures etaient trainees si vite que les
soldats devaient se mettre au pas de course pour les suivre. Ajoutez
a cela une chaleur atroce et vous aurez quelqu'idee de la fatigue des
soldats et de leurs miseres.
L'avant-derniere journee avant d'arriver a Edmonton, les habitants de
ce dernier endroit se rendirent a la rencontre du bataillon avec des
voitures et la route s'est terminee d'une maniere assez confortable.
Le voyage dans les prairies ou l'immensite est le seul horizon qui
s'offre a la vue ennuyee de la monotonie des tableaux, est long et
fatiguant. Quelques fois, arrives au pied d'un coteau, les soldats
s'elancaient au pas de course pour le gravir esperant trouver quelque
changement dans la mise en scene, mais s'arretaient sur le sommet
desappointes et plus decourages qu'avant a la vue de la plaine qui se
deroulait immense devant leurs pas. Apres la traversee de la riviere
du Chevreuil Rouge, la scene changea quelque peu, et souvent les plus
ennuyes se reposaient la vue par la contemplation de jolis tableaux.
Ici, une belle prairie arrosee par un joli petit lac, au pied de quelque
coteau verdoyant, la un bosquet aux decors gracieux, eleve au milieu
de la plaine par quelque fee antique et entretenu par les nymphes des
prairies pour recevoir leurs fiances ailes. Un peu partout, dans un
desordre charmant, de jolis petits bois parsement la vaste plaine. Les
rivieres le long de la route sont peu profondes, et sont toutes gueables
a l'exception de la Saskatchewan. L'eau de ces rivieres alimentee par
les lacs des montagnes du Nord est froide, souvent troublee et d'une
apparence bourbeuse; cependant elle est generalement potable.
La nourriture pendant tout le voyage se composa de, biscuits durs (hard
tacks), de viandes en boite ou de bacon et de the; avec ces mets les
grands festins etaient rares. Cependant le gibier abondait de toutes
parts, mais la defense de tirer etait des plus severes. Les canards
etaient innombrables, les poules des prairies s'abattaient a quelques
pas des soldats et les lievres leur passaient entre les jambes, mais la
regle du, general etait inflexible; aussi le gibier fut-il laisse en
paix.
Le premier detachement a beaucoup souffert du manque de sel. Il y e
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