tit salon qui
communiquait avec le vestibule; puis elle se retira pour aller prevenir
sa maitresse, et en s'en allant elle tira la porte de ce vestibule, mais
neanmoins sans la fermer completement.
Madame Pretavoine s'etait tout d'abord assise, et elle avait tire de
sa poche un petit livre relie en chagrin noir qui devait etre un livre
d'heures ou de prieres, qu'elle avait ouvert; mais la femme de chambre
partie, au lieu de se mettre a lire dans son livre, elle le posa tout
ouvert sur une table qui etait devant elle, et se levant vivement,
en marchant avec precaution sur le tapis, elle commenca a examiner
curieusement les choses qui l'entouraient, meubles, tentures et gravures
de la calcographie accrochees aux murs.
Mais ce qui provoqua surtout son attention, ce furent des cartes de
visite jetees pele-mele dans une coupe de bronze.
Elle les prit et commenca a les lire, mais les noms qu'elles portaient
etant pour la plupart etrangers et par suite assez difficiles a retenir;
elle tira un carnet de sa poche et se mit a les copier rapidement.
Pour ce qu'elle se proposait, il pouvait lui etre utile de savoir avec
qui madame de la Roche-Odon etait en relations, et puisqu'une sotte
habitude permet qu'on fasse ostentation des cartes qu'on recoit, elle
eut ete bien simple de ne pas profiter de cette bonne occasion.
Un coup de sonnette vint l'interrompre dans son travail; rapidement elle
abandonna les cartes et reprit son livre, de peur d'etre surprise par un
nouvel arrivant.
En reculant d'un pas, il se trouva que par la porte entre-baillee elle
pouvait voir dans le vestibule.
Son livre a sa main, elle glissa ses yeux jusque-la.
Le petit domestique qui l'avait recue venait d'ouvrir la porte, mais en
reconnaissant celui qui se presentait, il lui avait fait signe qu'on ne
pouvait entrer, en l'arretant d'une main et en mettant l'autre sur ses
levres.
Ce nouvel arrivant etait un jeune homme vetu avec elegance, portant au
cou une cravate voyante et aux mains des pierreries qui jetaient des
feux; son visage etait rase comme celui d'un pretre ou d'un comedien,
ses cheveux noirs etaient frises.
Comme le dialogue qui s'etait engage entre lui et le petit groom, avait
lieu a voix basse et en italien, madame Pretavoine n'entendait pas
les paroles qu'ils echangeaient rapidement, et deux mots seulement
arrivaient jusqu'a elle: "mylord et Ardea."
Mais lorsque deux Italiens s'expliquent, il n'est pas indispensable bien
s
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