e de Toulon et sur
les golfes voisins. Enfin, la veille de mon arrivee, il a trouve une
maisonnette toute petite, mais bien propre, dans un pays _idealement
beau_. Je ne vous en dis rien: vous verrez notre site et nos environs.
L'endroit s'appelle Tamaris. (Je m'y suis installee le 19.)--Mais, pour
y arriver, soit par mer, soit par terre, il faut quelques renseignements
locaux. Donc, quand vous viendrez nous voir, il faudra aller par le
chemin de fer jusqu'a Toulon. La, vous irez trouver Charles Poncy, notre
ami, rue du Puits, n deg. 7. Il vous amenera ou vous fera conduire, et, en
meme temps, il vous remettra ou vous fera remettre une clef au moyen de
laquelle vous aurez, chez nous, un gite; car nous n'avons qu'une partie
de la maison; mais notre proprietaire, homme tres aimable, nous a promis
une chambre d'ami des que nous en aurions besoin. Voila! Nous n'avons
encore eu que deux jours de beau temps sur six. Ne venez pas sans que le
temps soit remis; car je ne pense pas que nous differions beaucoup de
temperature, sauf qu'ici nous avons des pluies insensees quand le ciel
s'y met, et nos chemins sont laids, notre horizon triste, notre campagne
maussade par consequent. Il faut que nous puissions vous promener dans
le soleil.
Sur ce, a bientot, j'espere, cher enfant. Ce sera une joie de famille,
et, en attendant, on vous embrasse de coeur.
G. SAND.
CDLXXII
A M. CHARLES DUVERNET, A NEVERS
Tamaris, 15 mars 1861.
Mon cher vieux,
Je t'adresse ma lettre a Nevers, bien que je pense que tu doives etre
au Coudray; mais je me dis que, de Nevers, on te l'enverra exactement,
tandis que, du Coudray a Nevers, ce ne serait peut-etre pas la meme
chose.
J'ai recu la tienne, de lettre, et je suis heureuse de voir que ton
petit mioche te donne toutes les joies de la _grand'paternite,_--je
souligne! Voici, helas! comment tout se compense et s'equilibre dans
le bien et dans le mal pour chacun de nous. Mes yeux voient des mers
d'azur, des montagnes superbes, des fleurs charmantes; mais ils ne
verront plus que le portrait de ma pauvre Nini, qui etait la perle et la
fleur par excellence de ma vieillesse. Je ne la sentirai plus sur mes
genoux ni dans mes bras, je n'entendrai plus sa voix, je n'echangerai
plus rien avec elle en cette vie.--Resignons-nous; notre cause et notre
but nous sont, inconnus, mais ils sont l'oeuvre et le vouloir de Dieu.
Ils ne peuvent donc etre mauvais, et tout,
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