ettra la-bas, et je ne t'entendrai
plus, je ne pourrai plus te conseiller, te consoler, te faire du bien.
te calmer, t'adoucir, te temoigner l'amitie que j'ai pour toi. Oh!
Charles. si tu es malheureux, je suis bien malheureuse aussi. Toi et
Marianne, vous etes les seuls que j'entende avec plaisir pres de moi,
avec lesquels je ne me gene pas pour demander un service, pour dire ma
pensee, que j'attends avec impatience, que je vois partir avec regret."
Juliette pleura plus fort. Charles se jeta a son cou, l'embrassant,
maugreant contre sa cousine, rassurant Juliette.
Charles:--Ne t'afflige pas, Juliette, ne t'afflige pas; je n'y resterai
pas; je te promets que je n'y resterai pas; si la vieille megere m'y
fait entrer aujourd'hui, avant quinze jours je serai pres de toi; je te
soignerai comme avant. Je te le promets.
Juliette:--C'est impossible, mon pauvre Charles, une fois que tu seras
la, il faudra bien que tu y restes.
Charles:--Je m'en ferai chasser, tu verras.
Juliette:---Comment feras-tu? Ne va pas commettre quelque mauvaise
action.
Charles:--Non, non, seulement des farces... Mais avant de me laisser
coffrer, je vais jouer un tour a ma cousine, et un fameux, dont elle ne
se relevera pas.
--Charles! s'ecria Juliette effrayee, je te le defends! Je t'en prie.
ajouta-t-elle doucement et tristement.
Charles:--Mais, ma bonne Juliette; je ne veux ni la battre ni la tuer;
je veux seulement ecrire a M. Blackday, qui fait ses affaires, pour le
supplier de venir a mon secours, de me defendre contre ma cousine, et de
me debarrasser de sa tutelle, afin que je puisse loger ailleurs que chez
elle. Il n'y a pas de mal a cela, n'est-ce pas?
Juliette:--Non, mon ami, aucun, et tu feras bien d'ecrire a ce monsieur.
Charles:--Puisque tu approuves, je vais ecrire tout de suite.
Juliette:--Oui, mets-toi a la table de ma soeur; dans le tiroir a
droite, tu trouveras ce qu'il faut pour ecrire; je ne te derangerai pas,
je tricoterai."
Charles s'assit pres de la table et se mit a l'ouvrage. Il ecrivit
longtemps. Quand il eut fini, il poussa un soupir de satisfaction.
"C'est fait! Veux-tu que je te lise ma lettre, Juliette?
Juliette:--Certainement, je serai charmee de l'entendre.
Charles, lit:-"Monsieur, je ne vous connais pas du tout, et je crains
que vous me connaissiez beaucoup et mal par ma cousine Mac'Miche. Je
suis si malheureux chez elle que je ne peux plus y tenir; elle me bat
tellement, malgre toutes mes
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