ant:--Ah!... Depuis quand Monsieur Charlot, etes-vous
passe dans les rangs des gens sages?
Charte:--Depuis longtemps; depuis que je suis malheureux.
Marianne, riant:--C'est singulier que je ne m'en sois pas apercue, ni
Juliette non plus.
Charles:-Vous, Marianne; vous ne me connaissez pas; mais, pour Juliette,
je suis sur qu'elle me trouve de plus en plus sage."
Juliette sourit, Charles la pressa de repondre; elle finit par dire:
"Ne parlons pas du passe et songeons a l'avenir; je parie que Charles va
etre tout autre avec nous qu'avec ma cousine Mac'Miche.
Charles:--Je ressemblerai aussi peu a ce que j'etais que vous ressemblez
peu a la vieille cousine.
Marianne:--Allons! que Dieu t'entende, Charlot! Je ne demande qu'a te
rendre service et a trouver en toi un second saint Charles."
Au meme instant, la porte s'ouvrit avec violence, et Mme Mac'Miche parut
sur le seuil, a la grande terreur de Juliette, qui la devina a son
souffle bruyant et au cri etouffe de Charles. Tout le monde garda le
silence. Mme Mac'Miche pale et tremblante, s'approcha de Marianne, qui
l'attendait de pied ferme.
"Marianne, dit-elle d'une voix adoucie par l'emotion, qu'avez-vous dit
au juge relativement a moi?
--Au juge! repondit Marianne tres surprise, je ne sais ce que vous
voulez dire. Je ne me souviens pas d'avoir parle au juge.
--Vrai? reprit la Mac'Miche en se remettant de son emotion, Il a donc
invente, menti; pour me faire parler sans doute?
--M. le juge n'est pas capable de mentir", dit Charles, qui etait dans
un recoin sombre de la salle, et que Mme Mac'Miche n'avait pas encore
apercu.
En entendant la voix de Charles, Mme Mac'Miche se retourna vivement et
poussa un cri d'effroi.
Madame Mac'Miche:--Le voila!... Le voila revenu, ce cauchemar de
ma pauvre vie! Comment s'est-il echappe? Remettez-le la-bas! En le
recevant, vous recevez une legion de fees. Chassez-le! Vite, vite! Je ne
veux pas de lui, d'abord.
Marianne:--Soyez tranquille, ma cousine; vous ne l'aurez pas, quand meme
vous le voudriez. M. le juge me l'a confie, je le garde, il est sous ma
tutelle.
Madame Mac'Miche:--Et avec quoi le nourrirez-vous?
Marianne:--Ceci est mon affaire, ce n'est plus la votre.
Charles:--Vous savez bien, ma cousine, que vous avez cinquante mille
francs qui sont a moi; vous les rendrez a Marianne, qui est ma
gardienne, et nous vivrons tous la-dessus.
--Scelerat! menteur! s'ecria la Mac'Miche d'une voix etranglee.
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