trouve. Ca sent encore
l'epoque de la Mac'Miche!
Charles, avec colere:--Mac'Miche ou non, je ne permettrai a personne de
dire ni de penser mal de Juliette.
Marianne:--Tu diras ce que tu voudras, tu feras comme tu voudras, tu
es en age de raison aussi bien que Juliette; mais moi, je suis lasse
d'attendre, et je vous previens tous les deux que d'ici a quinze jours
je serai mariee avec M. le juge de paix.
--Charles, l'embrassant:--Je vous souhaite bien du bonheur, Marianne;
vous avez ete tres bonne pour moi, et c'est ce que je n'oublierai
jamais. Et toi, Juliette, tu ne dis rien a Marianne?
Juliette, s'essuyant les yeux:--Que veux-tu que je dise, Charles? Je
suis desolee de causer de la peine a ma soeur, d'amener des discussions
entre toi et elle; mais que puis-je faire? Aller demeurer chez le juge?
Cela m'est impossible! Et ou irais-je, si ce n'est chez toi?"
Marianne impatientee quitta la salle.
Charles, s'asseyant pres de Juliette:--C'est bien mon avis aussi; tu
vivras chez moi, ce qui veut dire chez toi, avec Betty qui t'aime,
avec Donald qui t'aime, et si, comme dit Marianne, on trouve la chose
mauvaise, alors... alors, Juliette, tu feras comme Marianne, tu te
marieras.
Juliette:--Moi, me marier? Moi aveugle? Moi, a vingt-quatre ans, presque
vingt-cinq?
Charles:--Tout cela n'empeche pas de se marier, Juliette.
Juliette:--Non, mais tout cela ne permet a aucun homme de me prendre
pour sa femme.
Charles:--J'en sais un qui te connait, qui t'aime, qui n'ose pas te
demander, parce qu'il craint d'etre repousse, et qui verrait tous ses
voeux combles si tu l'acceptais.
Juliette:--Je n'en veux pas, Charles, je n'en veux pas. Je te supplie,
je te conjure de ne plus m'en parler, ni de celui-ci ni d'aucun autre.
Charles:--Je ne t'en parlerai plus, a une seule condition: c'est que tu
me diras avec confiance, avec amitie, pourquoi tu n'en veux pas.
"Juliette, hesitant:--Tu veux que je te le dise? Mais... je ne sais
pourquoi, j'aimerais mieux ne pas te le dire.
Charles:--Non, Juliette, il faut que tu me le dises: c'est necessaire,
indispensable pour ma tranquillite, pour mon bonheur.
Juliette:--Alors, pour toi, pour ton bonheur, je te dirai le motif qui
me rendrait tout mariage odieux. Je refuse l'homme dont tu me parles et
tous les hommes qui pourraient vouloir de la pauvre aveugle, pour ne pas
te quitter, pour vivre pres de toi, pour n'aimer que toi.
Charles:--Et moi, ma Juliette, je refuse et j
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