il en jetant un
dernier regard sur Mme Mac'Miche, comme elle est affreuse! Quel rire
mechant elle a! Tenez, elle ouvre les yeux! Voyez comme elle les roule!
Marianne:--Il est certain qu'elle a le regard... d'un diable, pour dire
les choses telles qu'elles sont... Oui, tu as raison... Pauvre femme!...
Que Dieu daigne la prendre en pitie! Je la crois bien malade; et
peut-etre apres le medecin faudra-t-il le pretre."
Charles courut sans reprendre haleine jusque chez le medecin, auquel il
expliqua la position alarmee de Mme Mac'Miche et l'attente de sa cousine
Marianne.
Le medecin hocha la tete, et dit qu'il la considerait comme perdue par
suite de l'exaltation ou la mettait la restitution des cinquante mille
francs operee par le juge de paix; il promit d'y retourner des que son
souper serait fini.
Charles se retira fort triste et se reprochant amerement d'avoir
provoque cette restitution par sa lettre a M. Blackday. En rentrant, il
ouvrit lentement la porte, et vint prendre place pres de Juliette.
"C'est toi enfin, mon bon Charles! dit Juliette des qu'il eut ouvert la
porte. Comme tu as ete longtemps absent! Que s'est-il donc passe? Tu es
triste, tu ne me dis rien.
Charles:--Je suis triste, il est vrai, Juliette; ma pauvre cousine est
bien mal, et j'ai des remords d'avoir contribue a sa maladie par
les peurs que je lui ai faites, les contrarietes que je lui ai fait
supporter, et par-dessus tout par la part que j'ai prise dans la
demarche du juge, il lui a enleve ce qu'elle avait a moi. Le medecin
dit que c'est ca qui lui a donne le delire, la fievre, ce qui la tuera
peut-etre! Et c'est moi qui aurai cause sa mort. J'ai bien prie le bon
Dieu pour elle et pour moi, Juliette!
Juliette:--Oh! Charles, que je suis heureuse de t'entendre parler ainsi!
Quel bien me fait ce retour serieux a de bons sentiments! Je l'avais
tant demande pour toi au bon Dieu!... Tu pleures, mon bon Charles? Que
Dieu benisse ces larmes et celui qui les repand."
Charles pleurait en effet; il se jeta au cou de Juliette, qui mela ses
larmes aux siennes; et il pleura quelque temps encore pendant que son
coeur priait et se repentait.
Juliette:--Charles, prends mon Imitation de Jesus-Christ, et lis-en un
chapitre; cela nous fera du bien a tous les deux."
Charles obeit et lut avec un accent emu un chapitre de ce livre
admirable. Quand il eut fini, il se sentit remis de son trouble.
Juliette etait calme.
"Sais-tu, lui dit-elle, que lors
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