ite au juge, son vif desir de venir demeurer chez
elles, etc. Marianne ecouta attentivement, reflechit un instant, parla
bas a Juliette, qui commenca par pleurer, ensuite elle parla vivement,
et finit par baiser les mains de Marianne et par l'embrasser tendrement.
Marianne:--Juliette me le demande; je veux bien te prendre, Charles;
mais a la condition que si tu tourmentes Juliette, si tu me desobeis, si
tu te mets en colere...
Charles:--Jamais, jamais, Marianne; jamais, je le jure! Je serai votre
esclave; je ferai tout ce que voudra Juliette, j'embrasserai ma cousine
Mac'Miche si Juliette me l'ordonne; je serai doux, doux comme Juliette.
Betty, riant:--Veux-tu te taire, vif-argent! Tu en dis trop! La bonne
volonte y est, mais le naturel aussi. Tu seras aussi bon, aussi
obeissant, aussi doux que tu pourras l'etre; mais tu seras toujours
salpetre."
Charles regarda d'un air inquiet Marianne qui paraissait ebranlee, et
Juliette qui semblait mecontente.
Juliette, vivement:--Puisque Charles promet, nous pouvons le croire,
Betty; il n'a jamais manque a sa parole. D'ailleurs il serait cruel et
coupable de lui refuser son dernier asile; il n'a de parents, apres Mme
Mac'Miche, que Marianne et moi; et si nous le refusons il sera a la
merci du premier venu. N'est-ce pas, Marianne?... Reponds, Marianne, je
t'en conjure.
Marianne, avec hesitation:--Je crois comme toi que c'est un devoir pour
nous; il depend de Charles de le rendre agreable ou penible.
Charles:--Croyez-en ma parole, Marianne; vous n'aurez pas a regretter
votre acte de condescendance envers Juliette et de charite envers moi.
Juliette:--Oh! Charles! charite! Pourquoi dis-tu cela?
Charles, emu:--Parce que c'est reellement une charite que vous me
faites; tu le sens bien, quoique tu ne veuilles pas l'avouer, de peur
de me blesser. Mais ce qui est vrai ne me blesse jamais, Juliette; le
mensonge et l'injustice seuls m'irritent.
Marianne:--Allons, allons, tout ca est la verite vraie; c'est superbe.
c'est touchant; mais il faut partir, pour arriver avant le coucher de M.
Old Nick."
Charles embrassa affectueusement Marianne, tres tendrement Juliette,
courut a la porte, et sortit sans tourner la tete, de peur de voir
Juliette pleurer son depart."
Ni lui ni Betty ne dirent mot jusqu'a la porte de Fairy's Hall. Betty
frappa, on ouvrit, et ils franchirent le seuil de leur prison. Un homme
de la maison fut charge de les conduire au concierge. Betty lui adre
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