s, soi-disant
divinites mythologiques, se tordent au plafond dans des poses terribles
qui imitent grotesquement les Michel Ange. Les portes sont a fond d'or,
rehaussees du chapeau et des cordelieres du cardinalat, emblemes qui
vous poursuivent dans toutes ces demeures seigneuriales, puisqu'il n'est
pas d'ancienne famille qui n'ait eu quelques-uns de ses membres pourvus
des hautes dignites de l'Eglise.
Tout cela est sale, crevasse, moisi, terni d'une croute de piqures
de mouches. De lourdes consoles dorees, a dessus de riches et laides
mosaiques, et menacantes de vetuste garnissent les coins. Les glaces,
de quinze pieds de haut, sont depolies par l'humidite, et raccommodees,
dans leurs brisures, avec des guirlandes de papier bleu. Le pave de
petites briques s'egrene sous les pieds. Les lits de fer, sans rideaux,
disparaissent dans l'immensite. Le reste du mobilier est a l'avenant de
cette miserable opulence. Une pauvre cheminee pour tout un appartement
de cinq pieces enormes, est a peu pres inutile: on ne trouve de bois a
acheter a aucun prix a Frascati, bien que ses collines soient couvertes
d'une magnifique vegetation; mais tout cela appartient a trois ou quatre
familles qui, a bon droit, respectent leurs antiques ombrages, et n'ont
rien de superflu a vendre de leur bois mort. Le pauvre monde et les
etrangers qui s'imaginent, comme moi, qu'il faut aller chercher un hiver
doux et un printemps chaud en Italie, se degelent le bout des doigts a
la flamme rapide de quelques tiges de bambous pourris qui ne peuvent
plus servir d'echalas aux vignes, et qu'on daigne leur vendre aussi cher
que, chez nous, des buches de Noel.
Au-dessus de ce rez-de-chaussee qui, sur l'autre face de la maison,
batie a mi-cote, est un premier etage, s'etendent des appartements
encore plus vastes, habites en ete par une famille suisse, aujourd'hui
proprietaire de la villa Piccolomini. Maintenant la maison serait
entierement vide sans la presence de quatre ouvriers qui viennent passer
la nuit dans une cave, et celle de la Mariuccia, qui demeure dans les
combles.
La Mariuccia, c'est-a-dire la Marion ou la Mariette (j'avoue que j'ai
ete influence par cette similitude de nom avec la vieille gouvernante
de mon oncle le cure), la Mariuccia est la gardienne, la servante, la
gouvernante, la cuisiniere, le regisseur, le _factotum_ de cette grande
habitation et des terres qui en dependent. C'est un etre assez singulier
et assez remarquable: petite, maig
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