estrange
en son esprit, et parfois se plaignoit estre miserablement tourmentee du
malin, qui vouloit l'oster de la et l'emporter par la fenestre. Depuis elle
fut mariee a ce paysan et recouvra sa premiere sante."
[Note 1: _Histoires, disputes et discours des illusions et
impostures des diables_.]
Le meme auteur[1] rapporte cette histoire singuliere d'une metamorphose du
diable:
[Note 1: _Histoires des impostures des diables_, p. 196.]
"La femme d'un marchand demeurant a deux ou trois lieues de Witemberg, vers
Slesic, avoit, dit-il, accoustume pendant que son mary estoit alle en
marchandise, de recevoir un amy particulier. Il advint donc pendant que le
mary etoit aux champs que l'amoureux vint veoir sa dame, lequel apres avoir
bien beu et mange, il faict son devoir, comme il luy sembloit, il apparut
sur la fin en la forme d'une pie montee sur le buffet, laquelle prenoit
conge de la femme en cette maniere: Cestuy-ci a este ton amoureux. Ce
qu'ayant dit, la pie disparut, et oncques depuis ne retourna."
Bouloese rapporte cette singuliere aventure arrivee a Laon[1]:
[Note 1: _Le Tresor et entiere histoire de la triomphante victoire
du corps de Dieu sur l'esprit en colere de Beelzebub, obtenue a
Laon l'an 1566_, par Bouloese. Paris, Nic. Chesneau, 1578, in-4 deg..]
"Lors ce medecin reforme, sans en communiquer au catholique, ne perdant
cette occasion de bouche ouverte, tira de sa gibessiere une petite phiole
de verre contenant une liqueur d'un rouge tant couvert qu'a la chandelle il
apparoissoit noir, et luy jetta en la bouche. Et Despinoys esmeu par la
puanteur, haulsant la main droicte au devant s'escria disant: Fy, fy,
Monsieur nostre maistre que luy avez-vous donne? Et en tomba sur sa main de
ce rendue pour un temps fort puante (dont par apres il fut contraint de
manger avec la gauche tenant cependant la droicte derriere le dos) comme
aussi toute la chambre fut remplie de cette puantueur. Le corps devint
roide comme une buche, sans mouvement ny sentiment quelconque. Dont ce
medecin reforme fort etonne, dist que c'estoit une convulsion. Et retira
une autre bouteille pleine de liqueur blanche, qu'il disoit notre eau de
vie avec la quintessence de romarin pour faire revenir a soy la patiente,
et faire cesser la convulsion. Et pour exciter la patiente lui feist
frotter et battre les mains en criant: Nicole, Nicole, il faut boire.
Cependant une beste noire (avec reverence semblable a un fou
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