esoin de gloire, semblait
etre devenu un besoin de mort.
D'un autre cote, comme il arrive a ceux qui bravent le fer et le
feu, le fer et le feu s'ecarterent miraculeusement de lui; devant,
derriere Roland, a ses cotes, les hommes tombaient: lui restait
debout, invulnerable comme le demon de la guerre.
Lors de la campagne de Syrie, on envoya deux parlementaires sommer
Djezzar-Pacha de rendre Saint-Jean d'Acre; les deux parlementaires
ne reparurent plus: ils avaient eu la tete tranchee.
On dut en envoyer un troisieme: Roland se presenta, insista pour y
aller, en obtint, a force d'instances, la permission du general en
chef, et revint.
Il fut de chacun des dix-neuf assauts qu'on livra a la forteresse;
a chaque assaut on le vit parvenir sur la breche: il fut un des
dix hommes qui penetrerent dans la tour Maudite; neuf y resterent,
lui revint sans une egratignure.
Pendant la retraite, Bonaparte ordonna a ce qui restait de
cavaliers dans l'armee de donner leurs chevaux aux blesses et aux
malades; c'etait a qui ne donnerait pas son cheval aux pestiferes,
de peur de la contagion.
Roland donna le sien de preference a ceux-ci: trois tomberent de
son cheval a terre; il remonta son cheval apres eux, et arriva
sain et sauf au Caire.
A Aboukir, il se jeta au milieu de la melee, penetra jusqu'au
pacha en forcant la ceinture de noirs qui l'entouraient, l'arreta
par la barbe, et essuya le feu de ses deux pistolets, dont l'un
brula l'amorce seulement; la balle de l'autre passa sous son bras
et alla tuer un guide derriere lui.
Quand Bonaparte prit la resolution de revenir en France, Roland
fut le premier a qui le general en chef annonca ce retour. Tout
autre eut bondi de joie; lui resta triste et sombre, disant:
-- J'aurais mieux aime que nous restassions ici, general; j'avais
plus de chance d'y mourir.
Cependant, c'eut ete une ingratitude a lui de ne pas suivre le
general en chef; il le suivit.
Pendant toute la traversee, il resta morne et impassible. Dans les
mers de Corse, on apercut la flotte anglaise; la seulement, il
sembla se reprendre a la vie. Bonaparte avait declare a l'amiral
Gantheaume que l'on combattrait jusqu'a la mort, et avait donne
l'ordre de faire sauter la fregate plutot que d'amener le
pavillon.
On passa sans etre vu au milieu de la flotte, et, le 8 octobre
1799, on debarqua a Frejus.
Ce fut a qui toucherait le premier la terre de France; Roland
descendit le dernier.
Le general en c
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