que la sentence prononcee a Vienne,
fut prononcee de nouveau et confirmee a Aix-la-Chapelle. Plus d'une fois,
sans doute, les regards de Votre Majeste se sont reportes, avec une bien
douce satisfaction, vers cette partie des operations du Congres, comme
vers l'une de ces circonstances si rares, mais si cheres au coeur d'un
Monarque chretien, ou l'autorite souveraine se voit investie du doux
pouvoir de satisfaire et de surpasser, meme, les voeux de la plus ardente
et de la plus exigeante philanthropie. Dans la pensee que vous aviez
complete la somme de bienfaits que vous etiez appele a repandre sur
l'Afrique, vous avez cru que vous pouviez enfin detourner vos regards de
cette partie du monde, et reporter votre attention vers de nouveaux champs
de bienfaisance et d'humanite. Votre Majeste s'attend que les rapports qui
lui parviendront de l'Afrique, lui apporteront la consolante nouvelle que
ses nobles efforts ont ete couronnes de succes, et que les bienfaits semes
par ses mains genereuses sur ces malheureux rivages, ont produit une
moisson abondante et fortunee, dans l'interet de la civilisation et de la
felicite sociale.
Helas! pourquoi faut-il que je dissipe ces honorables illusions d'un
Monarque philanthrope! Pourquoi faut-il que, par un penible recit,
j'afflige son coeur paternel! Sire! Preparez vous a apprendre que toutes
les abominables horreurs dont l'Afrique avait ete, si long-temps, le
sanglant theatre, et auxquelles vous avez cru avoir mis fin pour toujours,
se renouvellent, aujourd'hui, avec plus de fureur et d'activite que
jamais. Dans le recit que vous allez entendre, l'etonnement se joindra a
l'horreur.
Et quel plus juste sujet d'etonnement que celui que nous offre la conduite
de certains gouvernemens europeens? Et en effet, si l'on pouvait craindre
que quelque gouvernement persistat a jeter un regard avide sur les
coupables gains de la Traite des Noirs, les craintes devaient
naturellement se porter sur ceux dont les sujets, depuis long-temps
engages dans ce commerce homicide, auraient pu essayer de reculer l'epoque
de son abolition, afin de mettre ordre a leurs affaires, et de
s'indemniser des pertes qu'allait leur causer cette grande mesure. On
pouvait encore apprehender les peuples qu'une longue habitude de cet
infame commerce avait pu rendre insensibles aux horreurs qui
l'accompagnent, ou ceux a qui leurs habitudes commerciales pouvaient avoir
appris a ne juger d'un acte de speculation, que sur les g
|