FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   16   17   18   19   20   21   22   23   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40  
41   42   43   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   >>   >|  
ttes, mon pauvre Louis, tu vas leur faire des trous. Je remis sur la table mes mains qui tremblaient de rage. Pourquoi "pauvre Louis"! Je n'aime pas qu'on me prenne en commiseration, surtout quand je ne merite pas autre chose. Et puis, pourquoi s'attaquer a mes habitudes, a mes tics? J'ai passe l'age ou un homme de ma trempe peut tenter de s'ameliorer. La remarque de ma mere me parut non seulement inutile, car elle me l'a deja faite mille fois, mais encore injurieuse dans la situation ou je me trouvais. En outre, j'estimai peu delicat de me recommander le menagement a l'egard de mes chaussettes dans un moment ou notre pauvrete allait peut-etre se transformer en misere. Je fus sur le point de donner libre cours aux phrases toutes preparees qui me gonflaient la gorge; mais, par laquelle commencer? Elles se pressaient a l'issue, comme des moutons affoles qui veulent tous franchir en meme temps une porte etroite. Si bien que, cette fois encore, je ne dis rien. J'achevais mon dejeuner en regardant les meubles, les murs, la cheminee, les objets temoins de mon existence et complices de maintes pensees secretes: les lapins de biscuit, sur le buffet, la pendule qui porte une figurine de bronze et qui sait sur moi des histoires qu'elle fera bien de garder pour elle. Je regardais le paysage tyrolien, dans son cadre, ce paysage de montagnes ou les meilleurs reves de mon enfance se sont consumes, taris. Aucun de ces bibelots, aucun des meubles ne voulait faire cause commune avec moi. Tous me devisageaient de facon insolente. Je sentais qu'au premier mot de la querelle ils seraient tous du cote de ma mere, tous contre moi. Comme nous achevions le repas, j'apercus, sur le coin de la machine a coudre, la lettre que m'avait remise notre concierge. Le regard de ma mere devait accompagner le mien, car elle murmura presque aussitot: --C'est probablement une lettre de Lanoue. Je crois avoir reconnu l'ecriture. Tu ne l'as pas ouverte. C'etait vrai. Moi qui attends avec une si febrile impatience le courrier qui ne m'apporte presque jamais rien, moi qui n'ouvre jamais une lettre sans penser qu'elle contient la grande nouvelle capable de bouleverser mon avenir, je n'avais pas decachete cette lettre-la. Je l'ouvris avec un sentiment de morne defiance: ce ne pouvait etre qu'une mauvaise nouvelle. Je naviguais dans une de ces passes ou l'on se trouve offert aux coups du sort, qui se fait rarement faute d'en profiter. Ce n
PREV.   NEXT  
|<   16   17   18   19   20   21   22   23   24   25   26   27   28   29   30   31   32   33   34   35   36   37   38   39   40  
41   42   43   44   45   46   47   48   49   50   51   52   53   54   55   56   57   58   59   60   61   62   63   64   65   >>   >|  



Top keywords:
lettre
 

encore

 
nouvelle
 

paysage

 
jamais
 
meubles
 
presque
 

pauvre

 

profiter

 

achevions


contre

 

querelle

 

seraient

 

apercus

 

concierge

 

regard

 

devait

 

accompagner

 

remise

 

machine


coudre

 

premier

 

consumes

 

enfance

 
montagnes
 
meilleurs
 

bibelots

 

insolente

 

sentais

 

devisageaient


voulait

 
commune
 
murmura
 

avenir

 

bouleverser

 

decachete

 

ouvris

 

capable

 

penser

 
contient

grande
 
sentiment
 

trouve

 

offert

 
passes
 

naviguais

 

rarement

 

defiance

 

pouvait

 
mauvaise