r la resolution que j'ai
prise, afin de prevenir les suites de l'etonnement qu'elle pourra causer.
Je demeurerai, a partir de la semaine prochaine, dans l'hotel garni que
j'habitais quand j'ai fait la connaissance de votre mere. Je suis fache
de rester a Paris, mais je n'ai pas de quoi voyager; il faut que je me
loge, et cette maison-la me plait. Voyez ce que vous voulez faire, et si
c'est possible, j'agirai en consequence.
Madame de Marsan avait ecoute son mari avec un etonnement toujours
croissant. Elle resta comme une statue; elle vit qu'il etait decide, et
elle n'y pouvait croire; elle se jeta a son cou presque involontairement;
elle s'ecria que rien au monde ne la ferait consentir a cette separation.
A tout ce qu'elle disait il n'opposait que le silence. Emmeline eclata en
sanglots; elle se mit a genoux et voulut confesser sa faute; il l'arreta,
et refusa de l'entendre. Il s'efforca de l'apaiser, lui repeta qu'il
n'avait contre elle aucun ressentiment; puis il sortit malgre ses
prieres.
Le lendemain, ils ne se virent pas; lorsque Emmeline demanda si le comte
etait chez lui, on lui repondit qu'il etait parti de grand matin, et
qu'il ne rentrerait pas de la journee. Elle voulut l'attendre, et
s'enferma a six heures du soir dans l'appartement de M. de Marsan; mais
le courage lui manqua, et elle fut obligee de retourner chez elle.
Le jour suivant, au dejeuner, le comte descendit en habit de cheval. Les
domestiques commencaient a faire ses paquets, et le corridor etait plein
de hardes en desordre. Emmeline s'approcha de son mari en le voyant
entrer, et il la baisa sur le front; ils s'assirent en silence; on
dejeunait dans la chambre a coucher de la comtesse. En face d'elle etait
sa psyche; elle croyait y voir son fantome. Ses cheveux en desordre, son
visage abattu, semblaient lui reprocher sa faute. Elle demanda au comte
d'une voix mal assuree s'il comptait toujours quitter l'hotel. Il
repondit qu'il s'y disposait, et que son depart etait fixe pour le lundi
suivant.
--N'y a-t-il aucun moyen de retarder ce depart? demanda-t-elle d'un ton
suppliant.
--Ce qui est ne peut se changer, repliqua le comte; avez-vous reflechi a
ce que vous comptez faire?
--Que voulez-vous que je fasse? dit-elle.
M. de Marsan ne repondit pas.
--Que voulez-vous? repeta-t-elle; quel moyen puis-je avoir de vous
flechir? quelle expiation, quel sacrifice puis-je vous offrir que vous
consentiez a accepter?
--C'est a vous de le savo
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