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as. Apres quelques instants de gene et d'hesitation, le cadre et le papier resterent sur la table, a cote du Napoleon detrone, et madame Delaunay reprit son ouvrage. --Je voudrais, dit enfin Valentin, qu'avant de vous laisser cette petite ebauche, il me fut permis d'en faire une copie. --Je crois que je ne suis qu'une etourdie, repondit la veuve. Gardez ce dessin qui vous appartient, si vous y attachez quelque prix. Je ne suppose pourtant pas que votre intention soit de le mettre dans votre chambre, ni de le montrer a vos amis. --Certainement non; mais c'est pour moi que je l'ai fait, et je ne voudrais pas le perdre entierement. --A quoi pourra-t-il vous servir, puisque vous m'assurez que vous ne le montrerez pas? --Il me servira a vous voir, madame, et a parler quelquefois a votre image de ce que je n'ose vous dire a vous-meme. Quoique cette phrase, a la rigueur, ne fut qu'une galanterie, le ton dont elle etait prononcee fit lever les yeux a la veuve. Elle jeta sur le jeune homme un regard, non pas severe, mais serieux; ce regard troubla Valentin, deja emu de ses propres paroles; il roula l'esquisse et allait la remettre dans sa poche, quand madame Delaunay se leva et la lui prit des mains d'un air de raillerie timide. Il se mit a rire, et a son tour s'empara lestement du papier. --Et de quel droit, madame, m'oteriez-vous ma propriete? Est-ce que cela ne m'appartient pas? --Non, dit-elle assez sechement; personne n'a le droit de faire un portrait sans le consentement du modele. Elle s'etait rassise a ce mot, et Valentin, la voyant un peu agitee, s'approcha d'elle et se sentit plus hardi. Soit repentir d'avoir laisse voir le plaisir qu'elle avait d'abord ressenti, soit desappointement, soit impatience, madame Delaunay avait la main tremblante. Valentin, qui venait de baiser celle de madame de Parnes, et qui ne l'avait pas fait trembler pour cela, prit, sans autre reflexion, celle de la veuve. Elle le regarda d'un air stupefait, car c'etait la premiere fois qu'il arrivait a Valentin d'etre si familier avec elle. Mais, quand elle le vit s'incliner et approcher ses levres de sa main, elle se leva, lui laissa prendre sans resistance un long baiser sur sa mitaine, et lui dit avec une extreme douceur: --Mon cher monsieur, ma mere a besoin de moi; je suis fachee de vous quitter. Elle le laissa seul sur ce compliment, sans lui donner le temps de la retenir et sans attendre sa reponse. Il se sentit fort
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