une grande quantite de cartouches. Des l'instant
qu'elles seront faites, on vous en enverra le plus qu'il sera possible.
Le general Murat laissera a Saffet les cent cinquante hommes de la
vingt-cinquieme que vous aviez laisses a Caiffa; vous les prendrez la
pour les placer ou vous jugerez a propos. Je desirerais qu'avec le reste
de sa colonne il put etre de retour pour l'assaut d'Acre, qui pourra
avoir lieu le 30.
Ecrivez a Gherrar qu'il a tort de se meler d'une querelle qui le
conduira a sa perte: comment, lui qui a eu tant a se plaindre d'un homme
aussi feroce que Djezzar, peut-il exposer la fortune et la vie de ses
paysans pour un homme aussi peu fait pour avoir des amis? que sous
peu de jours Acre sera pris, et Djezzar puni de tous ses forfaits, et
qu'alors il regrettera, peut-etre trop tard, de ne pas s'etre conduit
avec plus de sagesse et de politique. Si cette lettre est nulle, elle ne
peut, dans aucun cas, faire un mauvais effet.
Votre bataille est fort bonne; cela ne laisse pas de beaucoup degouter
cette canaille, et j'espere que si vous les revoyez, vous pourrez
trouver moyen d'avoir leurs pieces.
Est-il bien sur que le pont, qui est plus bas que le lac Tabarieh, soit
detruit? Les habitans du pays, dans les differens renseignemens qu'ils
me donnent, me parlent toujours de ce pont comme si les renforts
pouvaient venir par la, et des lors comme s'il n'etait pas detruit.
Le mont Thabor est temoin de vos exploits. Si ces gens-la tiennent un
peu, et que vous ayez une affaire un peu chaude, cela vous vaudra les
clefs de Damas.
Si dans les differens mouvemens qui peuvent se presenter, vous trouvez
moyen de vous mettre entre eux et le Jourdain, il ne faudrait pas etre
retenu par l'idee que cela les ferait marcher sur nous. Nous nous tenons
sur nos gardes, nous en serions bien vite prevenus, et nous irions a
leur rencontre; mais alors il faudrait que vous les poursuivissiez en
queue assez vivement. Mais je sens que ces gens-la ne sont pas assez
resolus pour cela. Si cela arrivait, ils s'eparpilleraient tout
bonnement en route.
J'ai envoye, il y a trois jours, a Saffet un homme qui est depuis Jaffa
avec nous, pour avoir une conference avec Ibrahim-Bey, et doit etre de
retour demain, et, si la cavalerie qui est devant Saffet l'a empeche
de remplir sa mission, je vous l'enverrai: il sera plus a portee de la
remplir de chez vous.
BONAPARTE.
Au camp d'Acre, le 25 germinal an 7 (14 avril 1799).
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