s, et leur prit une grande quantite de chameaux, apres leur
avoir tue plusieurs centaines d'hommes. Le fils du general Leclerc,
jeune homme distingue, fut blesse.
_Revolte de l'emir Hhadjy._
L'emir Hhadjy, homme d'un caractere faible et irresolu, que j'avais
comble de bienfaits, n'a pu resister aux intrigues dont il a ete
environne; il s'est inscrit lui-meme au nombre de nos ennemis. Reuni a
plusieurs tribus d'Arabes et a quelques mameloucks, il s'est presente
dans l'arene. Chasse, poursuivi, il perdit dans un jour les biens que
je lui avais donnes, ses tresors et une partie de sa famille qui etait
encore au Caire, et la reputation d'un homme d'honneur qu'il avait eue
jusqu'alors.
_L'ange el-Mohdy._
Au commencement de floreal, une scene, la premiere de ce genre que nous
ayons encore vue, mit en revolte la province de Bahireh. Un homme, venu
du fond de l'Afrique, debarque a Derneh, arrive, reunit des Arabes, et
se dit l'ange _el-Mohdy_, annonce dans le Coran par le prophete. Deux
cents Maugrabins arrivent quelques jours apres comme par hasard, et
viennent se ranger sous ses ordres. L'ange _el-Mohdy_ doit descendre du
ciel; cet imposteur pretend etre descendu du ciel au milieu du desert:
lui qui est nu, prodigue l'or qu'il a l'art de tenir cache. Tous les
jours, il trempe ses doigts dans une jatte de lait, se les passe sous
les levres: c'est la seule nourriture qu'il prend. Il se porte sur
Damanhour, surprend soixante hommes de la legion nautique, que l'on
avait eu l'imprudence d'y laisser, au lieu de les placer dans la
redoute de Rahmanieh, et les egorge. Encourage par ce succes, il exalte
l'imagination de ses disciples; il doit, en jetant un peu de poussiere
contre nos canons, empecher la poudre de prendre, et faire tomber devant
les vrais croyans les balles de nos fusils: un grand nombre d'hommes
attestent cent miracles de cette nature qu'il fait tous les jours.
Le chef de brigade Lefebvre partit de Ramanieh avec quatre cents hommes,
pour marcher contre l'ange; mais voyant a chaque instant le nombre des
ennemis s'accroitre, il sent l'impossibilite de pouvoir mettre a la
raison une si grande quantite d'hommes fanatises. Il se range en
bataillon carre, et tue toute la journee ces insenses qui se precipitent
sur nos canons, ne pouvant revenir de leur prestige. Ce n'est que la
nuit que ces fanatiques, comptant leurs morts (il y en avait plus
de mille) et leurs blesses, comprennent que _Dieu ne fait plus de
m
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