chez vous, citoyen general, les
membres du divan, et de leur faire connaitre la lettre ci-jointe, en
reponse a celle qu'il m'a ecrite ce matin.
Je desire que vous envoyiez de suite quelqu'un rassurer les femmes du
cadi, et que vous donniez l'ordre a la citadelle qu'il soit traite avec
les plus grands egards.
Je desire egalement que vous lui fassiez demander le lieu ou il desire
se rendre, soit qu'il veuille aller en Syrie, soit a Constantinople; je
l'y ferai conduire.
BONAPARTE.
Au Caire, le 9 messidor an 7 (27 juin 1799).
_Au divan du Caire._
J'ai recu votre lettre ce matin. Ce n'est pas moi qui ai destitue le
cadi; c'est, le cadi lui-meme qui, comble de mes bienfaits, a pousse
l'oubli de ses devoirs jusqu'a quitter son peuple et abandonner l'Egypte
pour se retirer en Syrie.
J'avais consenti que, provisoirement, pendant la mission qu'il devait
avoir en Syrie, il laissat son fils jour gerer sa place pendant son
absence; mais je n'aurais jamais cru que ce fils, jeune, faible, dut
remplir definitivement la place de cadi.
La place de cadi s'est donc trouvee vacante. Qu'ai-je donc fait pour
suivre le veritable esprit du Coran? C'est de faire nommer le cadi par
l'assemblee des scheiks; c'est ce que j'ai fait. Mon intention est donc
que le scheik El-Arichi, qui a obtenu vos suffrages, soit reconnu et
remplisse les fonctions de cadi. Les premiers califes, en suivant le
veritable esprit du Coran, n'ont-ils pas eux-memes ete nommes par
l'assemblee des fideles?
Il est vrai que j'ai recu avec bienveillance le fils du cadi lorsqu'il
est venu me trouver, aussi mon intention est-elle de ne lui faire aucun
mal; et si je l'ai fait conduire a la citadelle, ou il est traite avec
autant d'egards qu'il le serait chez lui, c'est que j'ai pense devoir
le faire par mesure de surete; mais des que le nouveau cadi sera
publiquement revetu et exercera ses fonctions, mon intention est de
rendre la liberte au fils du cadi, de lui restituer ses biens, et de le
faire conduire avec sa famille dans le pays qu'il desirera. Je prends ce
jeune homme sous ma speciale protection; aussi bien je suis persuade que
son pere meme, dont je connaissais les vertus, n'a ete qu'egare.
C'est a vous a eclairer les bien intentionnes, et faites ressouvenir
enfin aus peuples d'Egypte qu'il est temps que le regne des osmanlis
finisse; leur gouvernement est plus dur cent fois que celui des
mameloucks, et y a-t-il quelqu'un qui puisse penser qu'
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