es, qu'il abat, s'emiettent
pourries dans ses mains,--puis l'immense horreur des lieux glaces, dont
l'hostilite expie son crime involontaire; Flaubert paraitra posseder le
sens des choses a peine percues, des sentiments naissants et
balbutiants, que le mot, clair exposant de l'idee precise, peut rendre
seulement par la suggestion, de mysterieuses analogies ou d'indirects
symboles.
Le symbolisme des discours de Schahabarim et des hymnes de Salammbo est
au fond de l'oeuvre de Flaubert. Detestant la realite de toute la haine
d'un idealiste qui se trouve contraint de la voir, il s'est enfui du
monde moderne en un monde antique embelli; et non content de cette
evasion vers le splendide, il a sans cesse tendu et parfois reussi a
echapper radicalement au reel, en substituant aux individus les types, a
un recit de faits particuliers, un recit de faits allegoriques.
Comme M. de Maupassant le dit dans sa preface aux lettres de Flaubert a
George Sand, meme les romans, _Madame Bovary_, l'_Education_, bien que
realistes, pleins d'actes et de lieux precis, ont pour personnages
principaux des etres si parfaitement choisis entre une foule de
similaires, qu'ils representent une classe, ou une espece plutot qu'un
individu. Madame Bovary est par certains cotes la femme, et Homais reste
comme l'exemple grotesque de toute une categorie sociale.
Dans l'_Education_, plus realiste par le milieu et par le faire, les
jeunes gens Moreau, Deslauriers, Martinon, sont les types l'un d'une
energie trop tourmentee, l'autre d'une faiblesse minee de folles et
vaines aspirations, le troisieme de la grossierete heureuse et finaude,
interpretation que confirme la portee generale du titre de toute
l'oeuvre. Passant sur _Salammbo_ dont le sens est simplement d'etre
belle, dans la _Tentation_ une fantaisie plus libre permet une histoire
plus significative.
Dans ce livre, qui est l'oeuvre supreme du style, des procedes
fragmentaires, de la science historique, de l'amour du beau, de la
philosophie de Flaubert, celui-ci a signifie toutes les passions, les
cultes et les speculations de l'humanite. L'ascete est l'homme prive et
assiege de satisfactions charnelles; les amorosites faciles de la reine
de Saba le sollicitent; la magie, de celle des brahmanes a celle des
Alexandrins tentent sa soif de pouvoir; il passe, n'adherant
definitivement a aucune, par toutes les religions et les heresies; la
metaphysique lui propose ses antinomies irresolues, et il hesi
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