ne concevait pas, en effet, qu'il fut possible
d'expliquer la conformite singuliere du visage de l'enfant avec celui de
l'agent de change. Aussi, quand Mme Thillard, qu'il alla voir le lendemain,
aneantit cette explication rationnelle en lui faisant remarquer que le
fils de Clement devait etre ne au moins quinze ou dix-huit mois apres la
mort de son mari, s'obstina-t-il a croire que son amie, malgre une
excellente memoire, faisait confusion de dates.
XIII.
Mort de Rosalie.
Des lors, Clement consigna rigoureusement les visiteurs a sa porte; hormis
Destroy et le medecin, personne ne penetra plus chez lui. En depit de
cette resolution, il vivait dans des transes perpetuelles; poursuivi d'une
mefiance outree, il etait incessamment sur le qui-vive, ce qui lui donnait
l'air d'un maniaque. La presence de l'enfant dans la maison n'etait, entre
le mari et la femme, qu'un element nouveau de discorde et de douleurs.
Stupidement serieux, apathique, il ne voulait toutefois pas se separer de
Rosalie, bien qu'il fut insensible a sa tendresse. Elle le couvrait de
baisers, l'etreignait avec amour, essayait de le faire sourire, de
l'animer; mais toujours en vain. Des qu'elle le voyait, en reponse a ces
tendres provocations, la regarder de son air impassible, denue
d'intelligence, elle ne manquait pas de porter la main a ses yeux en signe
de terreur et de desespoir. Ce qui ajoutait a ses tortures, c'etait
d'observer chez ce fils une aversion a chaque instant plus profonde pour
Clement. Celui-ci n'avancait pas plutot les bras pour le saisir, que le
petit s'agitait comme un forcene et jetait des cris percants; si bien que
le pere, dont les levres souriait d'abord, s'irritait graduellement et
parvenait a une exasperation sauvage qui faisait craindre qu'il n'etouffat
son fils au lieu de l'embrasser. Rosalie avait alors des crises terribles:
ce n'etait point assez qu'elle fondit en larmes et suffoquat de sanglots,
elle tombait en proie a d'effrayantes convulsions. Sous l'influence de ces
secousses continuelles, elle mourait un peu tous les jours. Clement, lui,
dessechait d'angoisses; sa fievre de surveiller sa femme mourante
rappelait toujours mieux celle d'un espion passionne. Il sollicitait
frequemment des conges pour la garder lui-meme a vue, surtout quand il
apprehendait qu'elle n'eut des spasmes et le delire. Il ne lui suffisait
plus de la priver impitoyablement de la consolation des visites, il
commencait meme a marquer de l
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