FREE BOOKS

Author's List




PREV.   NEXT  
|<   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92  
93   94   95   96   >>  
it obscurcie d'un brouillard a ce point intense, surtout aux abords de la Seine, que, par ordre de police, en vue de prevenir les accidents, outre une chaine de lampions semes au coin des rues, sur les places, sur les ponts, on avait organise un service de guides armes de torches. Depuis plusieurs jours, je remarquais precisement la crue incessante des eaux et la submersion totale des berges. Notre quartier etait entierement desert; un silence funebre nous enveloppait. Voyez-nous accroupis sur notre fumier, ayant faim, penetres de froid, et jugez, si la chose est possible, de nos angoisses et de notre desespoir! Ce fut alors que le suicide se presenta a mon esprit comme une ressource supreme. "Par suite de cette meme fatalite qui mettait Thillard sur ma route, j'avais entre les mains un agent de destruction, de tous, peut-etre, le plus energique et le plus rapide. Au college, je m'etais activement occupe de chimie, et mon passage dans le laboratoire du pharmacien n'avait fait que raviver ce gout en moi. Lors de mon sejour chez ce dernier, inspire uniquement par une curiosite puerile, je m'etais approprie deux fioles contenant, l'une de l'opium, l'autre, en verre noir cachete, environ 12 grammes d'acide cyanhydrique, le plus actif des poisons connus. Pendant des annees, je n'avais vecu que d'expedients; j'avais erre d'hotel en hotel, laissant dans celui-ci une malle, dans celui-la des livres, dans cet autre des papiers, et, chose etrange, jamais, dans aucun, je n'avais oublie ces fioles mortelles. Elles m'embarrassaient, m'importunaient; vingt fois je voulus les briser: toujours j'eprouvai une sourde resistance au moment de le faire. Je pourrais dire plus justement qu'elles me suivaient, s'accrochaient a moi, sans que ma volonte y fut pour rien. "Rosalie, a qui je fis part de ma resolution, me repliqua sur-le-champ: "J'y pensais!" La crainte seule de trop souffrir la retenait encore. Je lui affirmai que ce poison produisait un effet analogue a celui de la foudre, que quelques gouttes suffisaient a donner la mort presque instantanement. Elle cessa d'hesiter. Trois ou quatre minutes de plus, et tout etait fini. On frappa deux coups a la porte. Nous nous arretames frappes de stupeur. Peut-etre bien nous etions-nous trompes. Mais deux chocs plus forts se renouvelerent coup sur coup. Je n'avais rien a craindre. Je remis la fiole en place, et j'allai ouvrir. "Un homme poussa la porte entr'ouverte et penetra sans ceremonie
PREV.   NEXT  
|<   68   69   70   71   72   73   74   75   76   77   78   79   80   81   82   83   84   85   86   87   88   89   90   91   92  
93   94   95   96   >>  



Top keywords:

fioles

 

Rosalie

 

pourrais

 
accrochaient
 

suivaient

 

justement

 

volonte

 

importunaient

 
livres
 

papiers


jamais

 
etrange
 

laissant

 
Pendant
 

connus

 

annees

 

expedients

 
oublie
 

briser

 

voulus


toujours

 
eprouvai
 

resistance

 

sourde

 

mortelles

 

embarrassaient

 
moment
 

souffrir

 
stupeur
 

frappes


etions

 

trompes

 

arretames

 

minutes

 
frappa
 
poussa
 
ouverte
 

ceremonie

 

penetra

 

ouvrir


craindre

 

renouvelerent

 
quatre
 

poisons

 

retenait

 

encore

 
affirmai
 

crainte

 

repliqua

 

resolution