demander!
--Et tu as trouve?
--Comment voulez-vous que je sache?
--En me disant le nom ou les noms qui te sont venus a l'esprit.
--Mais je vous assure que cela m'est tout a fait difficile; je n'ose
pas.
--Pourquoi? Nos sentiments ne se decident-ils pas le plus souvent en
vertu de certaines affinites mysterieuses dans lesquelles notre volonte
ne joue aucun role? Ce que je te demande, c'est uniquement si parmi les
jeunes gens que tu as vus et qui peuvent etre des maris pour toi, il en
est un, ou plusieurs, pour qui tu te sentes de la sympathie. Cela, rien
de plus.
--Il y en a un qu'une jeune fille dans ma position pourrait, il me
semble, accepter pour mari.
--Un seul?
--J'ai vu si peu de monde!
--C'est vrai. Eh bien! quel est ce mari possible?
Elle hesita un moment, detournant la tete pour cacher sa confusion, car
il lui semblait que c'etait la un aveu.
Son oncle lui prit le bras et, le passant sous le sien, il continua d'un
ton tout plein d'une tendre affection:
--Crois-tu que je ne t'aime pas assez pour meriter d'etre ton confident?
--Ce n'est pas du confident que j'ai peur, c'est de la confidence.
Mais j'ai tort, je le sais, et ne veux pas plus longtemps me defendre
sottement: j'ai pense a M. d'Unieres.
Il poussa une exclamation de joie.
--Eh bien! ma mignonne, c'est precisement de d'Unieres qu'il s'agit. Tu
vois maintenant combien j'ai eu raison de t'imposer cette epreuve... un
peu aventureuse, j'en conviens. Elle est decisive, et me prouve que
nous pouvons nous engager dans ce mariage avec la certitude qu'il sera
heureux. Vous vous etes vus quatre ou cinq fois....
--Trois.
--C'est encore mieux; les affinites dont je parlais se manifestent plus
franchement; sans vous connaitre, vous avez ete l'un a l'autre attires,
par une sympathie qui ne demande qu'a devenir un sentiment plus tendre,
et qui le deviendra. Tu m'aurais demande un mari que je ne t'en aurais
pas choisi un autre que d'Unieres; tu as fait ce choix toi-meme, c'est
beaucoup mieux. De tous les jeunes gens que j'ai observes en pensant que
j'aurais un jour la responsabilite de ton mariage, je n'en connais aucun
qui soit comme lui digne de toi. Sa maison est ancienne; si sa fortune
n'est pas l'egale de la tienne, elle est cependant suffisante; enfin
c'est un homme d'intelligence superieure et d'esprit serieux. Au lieu de
perdre sa jeunesse dans les frivolites a la mode, il a travaille; il a
fait de bonnes etudes en droit;
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