nant
de bons conseils, Betty; il doit a sa cousine du respect et de la
soumission.
Betty:--Elle est bien mauvaise, allez, Mam'selle!
Juliette:--C'est fort triste; mais elle est tout de meme sa tutrice;
c'est elle qui l'eleve...
Charles:-Ah! ouiche! Elle m'eleve joliment! Depuis que je sais lire,
ecrire et compter, elle ne me laisse plus aller a l'ecole parce qu'elle
pretend avoir les yeux malades; elle me garde chez elle pour lire haut,
pour ecrire ses lettres, faire ses comptes, et toute la journee comme
ca.
Juliette:--Cela t'apprend toujours quelque chose, et ce n'est pas deja
si ennuyeux.
Charles:--Quelquefois non; ainsi, elle me fait lire a present Nicolas
Nickleby; c'est amusant, je ne dis pas; mais quelquefois c'est le
journal, qui est assommant, ou l'histoire de France, d'Angleterre; je
m'endors en lisant; et sais-tu comment elle m'eveille? En me piquant
la figure avec ses grandes aiguilles a tricoter. Crois-tu que ce soit
amusant?
Juliette:--Non, ce n'est pas amusant, mais ce n'est pas une raison pour
te mettre en colere et te venger, comme tu le fais sans cesse.
Betty:--Je vous assure, Mam'selle, que si vous etiez avec nous, vous
n'aimeriez guere Mme Mac'Miche, quoiqu'elle soit votre cousine aussi;
mais je crois que vous nous aideriez a..., a..., comment dire ca?...
Juliette, souriant:--A vous venger, Betty; mais en vous vengeant, vous
l'irritez davantage et vous la rendez plus severe.
Charles:--Plus mechante, tu veux dire.
Juliette:--Non; pas mechante, mais toujours en mefiance de toi et
en colere, par consequent. Essayez tous les deux de supporter ses
maussaderies sans repondre, en vous soumettant: vous verrez qu'elle sera
meilleure... Tu ne reponds pas, Charles? Je t'en prie.
Charles:--Ma bonne Juliette, je ne peux rien te refuser! j'essayerai, je
te le promets; mais si, au bout d'une semaine, elle reste la meme, je
recommencerai.
Juliette:--C'est bon; commence par obeir a ta cousine et par t'en
aller; arrive bien gentiment en lui disant quelque chose d'aimable."
Charles se leva, embrassa Juliette, soupira et s'en alla accompagne de
Betty. Il ne dit rien tout le long du chemin; il cherchait a se donner
du courage et de la douceur, en se rappelant tout ce que Juliette lui
avait dit a ce sujet.
Il arriva et entra chez sa cousine.
Madame Mac'Miche:--Ah! te voila enfin, petit scelerat! Approche,... plus
pres..."
A sa grande surprise, Charles obeit, les yeux baisses, l'air so
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