s-tu si tard,
paresseux?
Charles:--Ma cousine, j'ai ete retenu un quart d'heure par Juliette, qui
m'a demande de la ramener chez elle parce qu'elle s'ennuyait chez M. le
juge de paix.
Madame Mac'Miche:--Quel besoin avais-tu de la ramener? Quelqu'un de chez
le juge de paix ne pouvait-il s'en charger? Tu fais toujours l'aimable,
l'officieux; tu sais pourtant que j'ai besoin de toi. Mais tu t'en
repentiras, mauvais garnement!... Suis-moi."
Charles, combattu entre le desir de resister a sa cousine et la crainte
qu'elle lui inspirait, hesita un instant, la cousine se retourna, et, le
voyant encore immobile, elle le saisit par l'oreille et l'entraina vers
un cabinet noir dans lequel elle le poussa violemment.
"Une heure de cabinet et du pain et de l'eau pour diner! et une autre
fois ce sera bien autre chose.
--Mechante femme! Detestable femme! marmotta Charles des qu'elle
eut ferme la porte. Je la deteste! Elle me rend si malheureux, que
j'aimerais mieux etre aveugle comme Juliette que de vivre chez cette
mechante creature... Une heure!... C'est amusant!... Mais aussi je ne
lui ferai pas la lecture pendant ce temps; elle s'ennuiera, elle n'aura
pas la fin de Nicolas Nickleby, que je lui ai commence ce matin! C'est
bien fait! J'en suis tres content."
Charles passa un quart d'heure de satisfaction avec l'agreable pensee de
l'ennui de sa cousine, mais il finit par s'ennuyer aussi.
"Si je pouvais m'echapper! pensa-t-il. Mais par ou? comment? La
porte est trop solidement fermee! Pas moyen de l'ouvrir... Essayons
pourtant..."
Charles essaya, mais il eut beau pousser, il ne parvint seulement pas a
l'ebranler Pendant qu'il travaillait en vain a sa delivrance, la clef
tourna dans la serrure; il sauta lestement en arriere, se refugia au
fond du cabinet, et vit apparaitre, au lieu du visage dur et severe de
sa cousine, la figure enjouee de Betty, cuisiniere, bonne et femme de
chambre tout a la fois.
"Qu'est-ce qu'il y a? dit-elle a voix basse. Encore en penitence!
Charles:--Toujours, Betty, toujours. Tu sais que ma cousine est heureuse
quand elle me fait du mal.
Betty:--Allons, allons, Charlot, pas d'imprudentes paroles! Je vais te
delivrer, mais sois bon, sois sage!
Charles:--Sage! C'est impossible avec ma cousine; elle gronde toujours;
elle n'est jamais contente! Ca m'ennuie a la fin.
Betty:--Que veux-tu, mon pauvre Charlot. Elle est ta protectrice et la
seule parente qui te reste! Il faut bien que tu con
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