je promets! s'ecria la cousine haletante.
Charles:---De me donner a manger a ma faim?... Eh bien?... Je tire la
troisieme allumette.
Madame Mac'Miche:--Je promets! Fripon! brigand!
Charles:--Des injures, ca m'est egal.! Et faites bien attention a vos
promesses, car, si vous y manquez, je mets le feu a votre maison sans
seulement vous prevenir... C'est dit? Je souffle."
Charles eteignit son allumette.
"Avez-vous besoin de moi? dit-il.
Madame Mac'Miche:-Va-t'en! Je ne veux pas te voir, drole, scelerat!
Charles:--Merci, ma cousine. Je cours chez Juliette.
Madame Mac'Miche:--Je te defends d'aller chez Juliette.
Charles:--Pourquoi ca? Elle me donne de bons conseils pourtant.
Madame Mac'Miche:--Je ne veux pas que tu y ailles."
Pendant que Charles restait indecis sur ce qu'il ferait, la cousine
s'etait avancee vers lui; elle saisit la boite d'allumettes que Charles
avait posee sur une table, donna prestement deux soufflets et un coup de
pied dans les jambes de Charles stupefait, s'elanca hors de sa chambre
et ferma la porte a double tour.
"Amuse-toi, mon garcon, amuse-toi la jusqu'au souper; je vais donner de
tes nouvelles a Juliette!" cria Mme Mac'Miche a travers la porte.
III
UNE AFFAIRE CRIMINELLE
Charles, furieux de se trouver pris comme un rat dans une ratiere, se
jeta sur la porte pour la defoncer; mais la porte etait solide; trois
fois il se lanca dessus de toutes ses forces, mais il ne reussit qu'a se
meurtrir l'epaule; apres le troisieme elan il y renonca.
"Mechante femme! Mon Dieu, que je la deteste! Et Juliette qui voulait
que je lui demandasse pardon! Une pareille megere!... Que puis-je faire
pour me venger?..."
Charles regarda de tous cotes, ne trouva rien.
"Je pourrais bien dechirer son ouvrage qu'elle a laisse; mais a quoi
cela servirait-il? elle en prendra un autre! Que je suis donc malheureux
d'etre oblige de vivre avec cette furie!"
Charles s'assit, appuya ses coudes sur ses genoux, sa tete dans ses
mains et reflechit. A mesure qu'il pensait, son visage perdait de son
expression mechante, son regard s'adoucissait, ses yeux devenaient
humides, et, enfin une larme roula le long de ses joues.
"Je crois que Juliette a raison, dit-il; elle serait moins mechante si
j'etais meilleur; je serais moins malheureux si j'etais plus patient, si
je pouvais etre doux et resigne comme Juliette!... Pauvre Juliette! Elle
est aveugle! Elle est seule tout le temps que sa soeur Mary tr
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