umaine, une sorte de
houle qui se propagea du parvis jusqu'aux rues voisines, les cous se
tendirent, des cris de femmes a demi etouffees retentirent, mais furent
couverts par une clameur enorme, d'une sauvage expression:
"Vive la messe!... A la messe, les huguenots!..."
Presque aussitot, de nouvelles compagnies d'archers et d'arquebusiers
renforcerent la haie des gens d'armes qui avait maintenant un quadruple
rang de chaque cote.
Les bourgeois vociferaient.
Il fut evident qu'on ne pourrait atteindre les huguenots ainsi proteges.
Mais il fut evident aussi que cette foule, savamment portee au supreme
degre de l'exasperation, deviendrait terrible si par malheur on la
laissait se dechainer!
La manoeuvre militaire qui, pour le moment, mettait les huguenots hors
d'atteinte, exaspera la multitude.
Et cette exasperation eclata en violents murmures contre le roi, qu'on
accusait tout haut de proteger les heretiques.
"Il nous faut un capitaine general!..."
Ce cri, qui traduisait si bien la pensee des bourgeois armes, courut de
bouche en bouche, se fortifia, s'enfla.
"Guise! Guise! Guise, capitaine general!
"A la messe les huguenots!"
Tout a coup, il y eut pourtant une accalmie; vingt-quatre herauts a
cheval, magnifiquement vetus de drap d'or, les armoiries royales brodees
en bleu sur la poitrine, les chevaux caparaconnes de longues housses
flottantes, debouchaient sur six rangs, le coude haut, la trompette a
banniere armoriee levee au ciel, et sonnaient une fanfare bruyante.
"Les voila! Les voila!..."
Ce cri, pour un instant, fit taire toutes les clameurs, et les haines
eparses se resorberent en curiosite.
Le cortege royal deroulait sa pompe vraiment imposante, et des
applaudissements eclaterent meme.
Immediatement apres la fanfare des herauts, parut une compagnie des
gardes a cheval, commandes par M de Cosseins: c'etait tous des cavaliers
de haute taille, montes sur de lourds chevaux normands, etincelants
d'acier et de broderies.
Puis venait le grand-maitre des ceremonies dont le cheval etait tenu en
bride par deux valets, et qui precedait une centaine de seigneurs, tous
de l'entourage du roi de France.
Mais un grand silence tomba sur le parvis, tandis que les rues
avoisinantes devenaient houleuses: le carrosse du roi venait
d'apparaitre. Charles IX, sous son grand manteau royal, grelottait de
fievre; il avait ete pris par une de ses crises au moment de sortir du
Louvre. Il avait une figure
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