ntrer! rugit Kervier.
--Ils y entreront bientot malgre eux! tonna Cruce.
Cette menace directe provoqua un delire d'enthousiasme dans le groupe
qui occupait les marches, tandis qu'au loin la foule, ne sachant de quoi
il s'agissait, riait en criant:
"Les damnes huguenots sont a la messe! Vive la messe!..."
Seuls trois huguenots avaient penetre dans l'eglise. Le premier, c'etait
l'amiral Coligny, qui avait dit tout haut:
"Ici, ce peut etre un champ de bataille comme un autre..."
Le deuxieme, c'etait le jeune prince de Conde qui, se penchant vers
l'oreille du Bearnais, avait murmure:
"La pauvre defunte reine m'a enjoint de ne vous quitter jamais, ni au
camp, ni a la ville, ni a la cour."
Le troisieme; c'etait Marillac.
Marillac ne savait qu'une chose: c'est que, depuis deux jours, en
temoignage de son affection et pour avoir le droit de la proteger, la
reine mere avait recu Alice de Lux parmi ses filles d'honneur.
Alice devait donc etre dans Notre-Dame: il y entra. Il fut entre en
enfer. Il la vit en effet. Elle etait tout pres de la reine, habillee de
blanc. Elle etait toute pale. Ses yeux etaient baisses.
"A quoi pense-t-elle?" songeait-il en la devorant des yeux.
Alice, a ce moment, songeait ceci:
"Ce soir. Oh! ce soir, a minuit, j'aurai la lettre! l'infernale lettre
qui me faisait la serve de Catherine! Ce soir, je serai libre, ah!
libre... nous partirons, demain, et le bonheur, enfin, commencera pour
moi."
Ainsi, en cette matinee ou elle croyait toucher a la liberte,
c'est-a-dire a l'amour, au bonheur, Alice n'avait pas une pensee pour le
pauvre petit etre abandonne, pour son fils, pour Jacques Clement!
La reine Catherine etait assise a gauche du maitre-autel, sur un trone
un peu plus bas que celui du roi, place sa droite. Autour d'elle, ses
filles d'honneur preferees sur des sieges en velours bleu, parseme de
fleurs de lis.
Derriere cette tenture, nul ne pouvait voir un moine qui se tenait
debout dans l'ombre: c'etait l'envoye du pape, Salviati. Il etait a demi
penche vers la reine, qui semblait tres attentive a lire dans son livre
d'heures.
--Vous partirez aujourd'hui meme, disait Catherine du bout des levres.
--Et que dois-je rapporter au Saint-Pere? Que vous faites la paix avec
les heretiques? Dites, madame, est-ce cela que je dois rapporter?
Catherine repondit:
--Vous rapporterez au Saint-Pere que l'amiral Coligny est mort!
Salviati tressaillit.
--L'amiral! fit-il.
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