ta la commedia_. Je commencais a m'ennuyer. Ouf! c'est fini. Me
voici libre. Voyons, que vais-je faire? Eh! pardieu! c'est bien simple.
Chercher dans Paris quelque bonne petit auberge ou je puisse passer
trois au quatre jours inapercue. Puis, me mettre en route, gagner
l'Italie a petites journees... et la, nous verrons, je suis riche!"
Elle monta dans la chambre d'Alice, dont elle defonca la serrure en deux
coups de marteau.
La, sur le lit, Alice avait le matin meme rassemble tout ce qu'elle
voulait emporter: une sacoche et un coffret.
Le coffret contenait les lettres qu'elle avait recues de Marillac: Laura
les jeta tranquillement au feu et elle ouvrit la sacoche. Ses yeux
jeterent un double eclair, sa bouche edentee grimaca un sourire.
La sacoche contenait les bijoux d'Alice et une trentaine de rouleaux
d'ecus d'or--toute sa fortune!
"Il y a bien la pour trois cent mille livres de bijoux et d'or, murmura
la vieille, toute pale. Avec ce que m'a remis la reine...
Un coup violent retentit au-dehors.
Laura, d'un souffle, eteignit le flambeau qui l'eclairait et, degainant
un poignard, elle se posta derriere la porte.
"Qu'elle entre! gronda-t-elle. Tant pis, je la tue! J'en ai assez! La
reine m'a dit que tout serait fini cette nuit!"
Le meme coup violent se renouvela et un long gemissement traversa la
maison.
Laura, alors, respira:
"Suis-je sotte! C'est ce contrevent qui vient de se rabattre..."
Alors, a la hate, elle empila dans la sacoche les bijoux et les rouleaux
d'or qu'elle en avait extraits. Elle courut a sa proche chambre, revint
avec un petit sac.
"Quarante mille livres! murmura-t-elle avec une moue de dedain. Voila ce
que me donne la grande Catherine pour tant de bons et loyaux services.
C'est maigre. Heureusement, je me rattrape!"
Elle engouffra les quarante mille livres dans la sacoche qu'elle referma
solidement.
Puis elle jeta un manteau sur ses epaules, sortit, ferma la porte du
jardin, jeta la clef par-dessus le mur et s'eloigna aussi rapidement que
le lui permettait le poids de sa sacoche.
Une ombre se detacha d'une encoignure voisine et se mit a la suivre.
Il etait alors neuf heures et demie.
Les rues etaient desertes et noires; des nuages bas passaient en courant
au-dessus des toits aigus; le couvre-feu avait sonne; les auberges et
hotelleries etaient fermees...
Laura ne s'apercevait pas qu'elle etait suivie.
Elle allait au hasard, connaissant assez peu Paris, d'
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