nue mourir a ma porte. C'est-il la premiere fois? Qu'as-tu a dire?
Va chercher la prevote, ma fille, et je me charge de lui dire ce qu'est
devenu ce sergent qu'on n'a jamais retrouve; et toi Manchot, j'en sais
long sur ton compte... et vous toutes hein?
Il y eut un fremissement de terreur parmi la clientele du cabaret.
--Par la mort-Dieu! reprit Catho, c'est la premiere fois qu'on parle
de m'amener la prevote. Qu'elle vienne donc, et elle en entendra de
belles!...
--Catho! Catho! s'ecrierent quelques truands.
--Mais Catho a raison! C'est la faute a Jehanne!
La grosse fille fit amende honorable et assura qu'elle avait voulu
plaisanter en parlant de denoncer la Roussette et Paquette. La paix se
retablit. Deux truands se chargerent d'emporter le cadavre au loin, afin
d'ecarter tout soupcon du cabaret des Deux-morts-qui-parlent. Puis la
societe se dispersa.
Au moment ou Paquette et la Roussette allaient s'eloigner a leur tour,
Catho les retint:
--Restez, je veux vous parler! dit-elle.
L'auberge fut fermee; les lumieres s'eteignirent.
Catho conduisit ses deux amies jusqu'a une chambre et, la, elle leur
dit:
--Alors, ce n'est pas vous qui avez tue la vieille?
--Catho! est-il possible que tu nous soupconnes?...
--Eh bien, moi, dit Catho, je crois que c'est vous! Ne criez pas, ne
pleurez pas, c'est inutile. Je crois que c'est vous. Et, quand meme ce
ne serait pas vous, tout vous denonce. Il y a des temoins pour prouver
que vous avez tue la vieille... Vous avez entendu Jehanne? Silence,
donc! pas de pleurnicheries, nous allons nous entendre... ecoutez-moi!
Paquette joignit les mains. La Roussette baissa la tete. Elles
tremblaient de terreur.
--Ecoutez-moi, reprit Catho, si vous m'obeissez, je ne dis rien. Si vous
ne m'obeissez pas, je vous denonce. Choisissez.
--Commande! dirent-elles en claquant des dents.
--Voila. Je vous demande cinq jours d'obeissance, pas une heure de plus;
c'est facile.
--Que faut-il faire?
--Je vous le dirai au moment voulu. Mais, pour le moment, vous allez
coucher ici. De cinq jours vous ne sortirez pas de chez moi. N'ayez pas
peur, vous savez qu'on y dort bien et qu'on y mange mieux.
--On t'obeira, Catho. On sera sages et on ne se montrera pas.
--C'est tout ce qu'il faut. Mais songez-y. Si l'une de vous me quitte
d'ici a samedi soir, je cours chez le grand prevot.
--Et samedi soir, qu'arrivera-t-il?
--Eh bien, samedi soir, je vous rends la liberte. Je vo
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