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sol de leurs lourds batons ferres. Les chiens sont en revolution dans le quartier de Galata et poussent la-bas des hurlements lamentables. Ceux de mon quartier gardent la neutralite et je leur en sais gre; ils dorment en monceaux devant ma porte. Tout est au grand calme dans mon voisinage; les lumieres s'y sont eteintes une a une, pendant ces trois longues heures que j'ai passees la, etendu devant ma fenetre ouverte. A mes pieds, les vieilles cases armeniennes sont obscures et endormies; j'ai vue sur un tres profond ravin, au bas duquel un bois de cypres seculaires forme une masse absolument noire; ces arbres tristes ombragent d'antiques sepultures de musulmans; ils exhalent dans la nuit des parfums balsamiques. L'immense horizon est tranquille et pur; je domine de haut tout ce pays. Au-dessus des cypres, une nappe brillante, c'est la Corne d'or; au-dessus encore, tout en haut, la silhouette d'une ville orientale, c'est Stamboul. Les minarets, les hautes coupoles des mosquees se decoupent sur un ciel tres etoile ou un mince croissant de lune est suspendu; l'horizon est tout frange de tours et minarets, legerement dessines en silhouettes bleuatres sur la teinte pale de la nuit. Les grands domes superposes des mosquees montent en teintes vagues jusqu'a la lune, et produisent sur l'imagination l'impression du gigantesque. Dans un de ces palais la-bas, le Seraskierat, il se passe a l'heure qu'il est une sombre comedie; les grands pachas y sont reunis pour deposer le sultan Mourad; demain, c'est Abd-ul-Hamid qui l'aura remplace. Ce sultan pour l'avenement duquel nous avons fait si grande fete, il y a trois mois, et qu'on servait aujourd'hui encore comme un dieu, on l'etrangle peut-etre cette nuit dans quelque coin du serail. Tout cependant est silencieux dans Constantinople ... A onze heures, des cavaliers et de l'artillerie sont passes au galop, courant vers Stamboul; et puis le roulement sourd des batteries s'est perdu dans le lointain, tout est retombe dans le silence. Des chouettes chantent dans les cypres, avec la meme voix que celles de mon pays; j'aime ce bruit d'ete qui me ramene aux bois du Yorkshire, aux beaux soirs de mon enfance, passee sous les arbres, la-bas, dans le jardin de Brightbury. Au milieu de ce calme, les images du passe sont vivement presentes a mon esprit, les images de tout ce qui est brise, parti sans retour. Je comptais que mon pauvre Samuel serait aupres de moi ce soir, et sans dout
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