ete de Violetta un sac de toile
noire qu'il serra au cou par un cordon. Sans un cri, sans un souffle,
paralysee, Violetta se sentit soulevee, entrainee, emportee elle ne
savait ou!... L'autre geant masque tendit a Belgodere une bourse bien
gonflee:
--Voici les cent ducats que tu as demandes... Un instant, l'ami: si tu
veux avoir la langue arrachee, si tu veux etre ecorche vif, tu n'as qu'a
souffler a ame qui vive un mot de ce que tu viens de faire...
Le bohemien s'inclina jusqu'a terre, avec un sourire narquois, et
sortant a reculons s'evanouit dans la nuit.
Dix heures sonnerent a Notre-Dame. Belgodere avait disparu depuis
longtemps. Ce fut a ce moment que maitre Claude s'approchant a son tour
de la terrible maison, heurta le marteau de bronze. Encore une fois la
porte de fer s'ouvrit sans bruit. Apres la victime, le bourreau! Sans
doute les deux hommes masques le reconnurent, car l'un d'eux, lui
faisant signe de le suivre, se mit a le preceder dans l'interieur de la
maison.
Des le vestibule franchi, cette maison hideuse devenait un fabuleux
palais, une succession de pieces ornees avec magnificence, aboutissant a
une salle immense au fond de laquelle, sous un dais, s'elevait un trone
d'or, merveille de sculpture.
Dans la salle du trone, douze torcheres en or massif supportant chacune
douze flambeaux de cire rose, des colonnes alternativement de jaspe
et de marbre, d'enormes vases de porphyre, des tapisseries d'Arabie,
soixante fauteuils aux dossiers tres hauts, tous surmontes d'une tiare
sculptee, tous portant une F brodee sous laquelle se croisaient deux
clefs symboliques que semblaient garder vingt-quatre hommes d'armes
vetus d'acier, silencieux, immobiles, hallebardes au poing.
Le bourreau passa parmi ces merveilles sans un fremissement, suivant son
conducteur muet. Il parvint ainsi, de salle en salle, jusqu'a une piece
nue, froide, humide, avec des murs en pierre grise, sans un meuble;
seulement, au long des murailles, il y avait des chaines accrochees a
des anneaux de fer.
La se tenait une femme vetue de noir, la tete couverte d'une mantille en
dentelle noire. On ne voyait pas son visage; mais a sa main etincelait
un anneau pareil a celui du prince Farnese. Seulement, tandis que
l'anneau du cardinal etait en fer, celui qui brillait a cette main de
femme etait en or pur; et les caracteres du chaton etaient traces par
des diamants qui fulguraient dans la penombre.
Cette femme, c'etait Fausta!
Alo
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