dans le cours
de la guerre. Le gouvernement anglais le recompensa de ses services en
lui accordant une demi-pension et plusieurs charges.
Mais la reconnaissance qu'il devait au duc de Kent et au roi
d'Angleterre ne purent jamais lui faire trahir les droits de ses
compatriotes. Lorsque Craig voulut, en mil huit cent-neuf, unir les deux
Canadas dans le but de mettre les Canadiens-Francais sous l'empire
d'une minorite anglaise, il fut un de ceux qui s'opposerent la plus
energiquement a ce projet. Et lorsque le gouverneur le menaca de lui
enlever ses moyens d'existence s'il ne se rendait pas a ses desirs, il
lui fit cette belle reponse:--"Vous pouvez, Sir James, m'enlever mon
pain et celui de ma famille mais mon honneur...... jamais!"
Devenu seigneur de Beauport, son manoir fut pendant vingt ans l'aimable
rendez-vous ou gentilshommes francais et anglais, reunis par la
conquete, apprirent a s'estimer apres s'etre battus; les plus hauts
personnages d'Angleterre y trouvaient une hospitalite pleine de charme
et de distinction. Le noble seigneur avait epouse, en mil sept cent
soixante et dix-huit, la belle et distinguee demoiselle Hertel, et de ce
mariage etaient nes sept enfants, tous beaux et bien faits, trois filles
et quatre garcons, dont l'aine fut le heros de Chateauguay.
Les Canadiens-Francais etaient fiers de l'eclat qui environnait cette
belle et bonne famille et des hommages qu'elle recevait de leurs fiers
conquerants.
De toutes les sympathies qui l'honorerent, la plus illustre et la plus
bienveillante fut sans doute, celle du duc de Kent, pere de notre
Souveraine, la reine Victoria.
On sait que ce prince vint en Canada en mil sept cent quatre-vingt-onze,
a la tete de son regiment, et qu'il fut, pendant son sejour au milieu de
nous, l'idole de la population. C'etait un bon prince, aussi, que le duc
de Kent, genereux, affable et loyal, aussi noble par le coeur que par
la naissance. Il n'eut pas mis le pied, une fois, dans le manoir de
Beauport qu'il fut epris d'admiration et d'amitie pour ses aimables
hotes. Les heures les plus agreables de sa vie etaient celles qu'il
passait au sein de cette famille, dont il fut toujours l'ami fidele et
le protecteur puissant. Une correspondance de vingt-trois ans, depuis
mil sept cent quatre-vingt-onze a mil huit cent-quatorze, demontre
toute la profondeur et la sincerite de cette honorable amitie qui se
manifeste, a chaque ligne, par les sentiments les plus delicats, les
e
|