panchements les plus gracieux.
C'est par son influence que les quatre fils du seigneur de Salaberry,
Michel, Maurice, Louis et Edouard, son filleul, purent satisfaire leurs
inclinations militaires en entrant dans l'armee anglaise, ou ils se
firent tous en peu d'annees, a la pointe de leur epee, une belle
position.
De ces quatre freres si beaux, si vaillants, qui faisaient l'orgueil de
leur famille, de leur protecteur et de leurs compatriotes, il ne
resta bientot que l'aine. Les trois autres moururent au service de
l'Angleterre, de mil huit cent-neuf a mil huit cent-douze, a quelques
mois d'intervalle. Maurice et Louis perirent de la fievre sous ce ciel
empeste des Indes dont la conquete et la conservation ont coute a
l'Angleterre des flots de sang.
Le plus jeune, Edouard, fut tue a la tete de sa compagnie sous les murs
de Badajoz; il n'avait que dix-neuf ans. Quelques heures avant l'assaut,
sous l'empire d'un noir pressentiment, il avait ecrit une lettre a son
protecteur le duc de Kent, pour le remercier de toutes les bontes qu'il
avait eues pour sa famille et pour lui.
Ils etaient tous trois lieutenants, aimes de leurs chefs et de leurs
compagnons d'armes pour leur bravoure, leurs talents et la bonte de leur
caractere.
Une humble tombe fut elevee en l'honneur de Maurice par les officiers et
soldats de son regiment pres de l'endroit ou il avait ete tue.
Puisse le temps respecter cette glorieuse tombe! afin que partout il y
ait des temoignages eclatants de la loyaute et de la bravoure du peuple
canadien.
La tradition parle des sympathies que la famille de Salaberry trouva
dans sa douleur; ce fut un deuil universel.
Le duc de Kent ne fut pas le moins affecte; il manifesta son chagrin
dans des lettres touchantes ou il parle du sort de ces pauvres enfants
avec une tendresse toute paternelle.
Pendant ce temps-la, l'aine des de Salaberry faisait vaillamment son
chemin dans l'annee anglaise a travers les balles et les boulets; la
mort craignait de briser une si belle destinee. Soldat a quatorze ans,
il partait, a seize, pour les Indes Occidentales, en qualite d'enseigne,
devenait rapidement lieutenant et capitaine, grace a la protection
incessante du duc et a l'admiration que sa belle conduite inspirait dans
l'armee.
On etait fier, au pays, lorsque l'echo y apportait la nouvelle des
succes et de la gloire du jeune Canadien. On applaudissait, lorsque la
rumeur apprenait comment il savait soutenir l'honneu
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