al Dearborn marchait
sur Montreal avec dix mille hommes, par le chemin de Saint-Jean et
d'Odeltown. De Salaberry courut a sa rencontre, a la tete de quatre
cents voltigeurs, et n'eut pas meme besoin des milices du district
de Montreal, qui s'avancaient a la hate sous les ordres du colonel
Deschambault. Ayant trouve l'ennemi campe sur la rive droite du la
riviere Lacolle, il resolut de le deloger. La rapidite de ses mouvements
et l'initelligence avec laquelle il avait prepare ses travaux de defense
deconcerterent le general americain, qui repassa la frontiere apres une
attaque malheureuse ou quatorze cents de ses hommes furent mis en fuite
par un avant-poste compose d'une poignee de voltigeurs.
La campagne de mil huit cent-douze etait finie.
Sir George Prevost felicita le lieutenant-colonel de Salaberry de son
succes, dans un ordre general, et rendit hommage a la loyaute et au
courage de la milice. Les Canadiens-Francais durent etre surpris;
c'etait la premiere fois qu'ils s'entendaient dire des choses agreables
par les representants de la couronne anglaise.
La campagne de mil huit cent-treize fut plus serieuse; les Americains,
honteux de leur echec, s'etaient prepares a frapper un grand coup sur
Montreal, qu'ils consideraient comme la clef du pays. La defaite
de Proctor, en Haut-Canada, par le general Harrison, exalta leur
enthousiasme et jeta avec raison le Bas-Canada dans l'effroi.
La situation devenait critique.
Deux armees, fortes chacune de sept a huit mille hommes, marchaient sur
Montreal, l'une, sous les ordres de Hampton, par le lac Champlain, et
l'autre, commandee par Dearborn et Wilkinson, descendait de Kingston.
A ces dix-sept mille hommes le Bas-Canada ne pouvait opposer que trois
mille soldats et miliciens.
La lutte parut un instant impossible.
Il fallait un homme assez habile pour empecher la jonction des deux
armees americaines et capable de suppleer au nombre par la prudence et
la valeur, d'accomplir un prodige, s'il le fallait. La patrie en danger
avait besoin enfin d'un sauveur, d'un heros, elle le trouva:--c'etait le
lieutenant-colonel de Salaberry. Il accourt, prend le devant avec
quatre cents voltigeurs, rencontre Hampton, culbute ses avant-postes a
Odeltown. et le poursuit jusqu'a Four-Corners, tombe sur lui avec une
poignee d'hommes et le remplit de terreur.
Apres plusieurs jours de marches et de contre-marches, Hampton
reprenait, le vingt et un octobre, sa course en avant sur les
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