traite de Gand.
Oui, le Bas-Canada etait sauve et conserve a l'Angleterre par la
bravoure des Canadiens-Francais. Quel dementi jete a la face de ceux qui
avaient reproche a cette noble population d'etre deloyale, parce qu'elle
avait du coeur et ne voulait pas laisser fouler aux pieds ses droits et
ses libertes! Ils tenterent bien un instant, les insenses! deo lui ravir
sa gloire, d'arracher du front de Salaberry des lauriers si noblement
conquis; mais les applaudissements de tout un peuple etoufferent les
cris de la jalousie et du fanatisme. L'Angleterre elle-meme declara,
par la bouche du prince regent et du due de Kent, que Salaberry et
ses braves voltigeurs etaient les sauveurs du pays, les heros de
Chateauguay.
Salaberry fut fait compagnon du Bain, et les chambres provinciales lui
voterent des remerciments; plus tard, en mil huit cent dix-sept, il fut
fait conseiller legislatif.
Mais ce fut la toute la recompense accordee au brave colonel et a
ses compagnons d'armes; on trouva que c'etait assez pour des
Canadiens-Francais. On a vu de ces braves dont la loyaute avait conserve
a l'Angleterre une riche colonie, mendier leur pain, la medaille de
Chateauguay sur la poitrine. Et apres un demi-siecle, pas une pierre
ne marque encore le glorieux champ de bataille ou ils ont illustre son
drapeau; seule, une tombe dans un cimetiere ignore indique l'endroit ou
reposent les cendres du heros de Chateauguay.
On a quelquefois conteste l'importance de cette bataille en donnant pour
raison, ou plutot pour pretexte, le petit nombre de tues et de blesses;
mais depuis quand mesure-t-on la grandeur d'une victoire a la quantite
de sang verse? Salaberry aurait-il plus de merite, s'il eut fait
tuer ses hommes inutilement? N'est-ce pas plutot un titre de gloire
incomparable d'avoir pu accomplir un si beau fait d'armes sans une plus
grande effusion de sang, d'avoir su menager par des mesures prudentes,
la vie de ses braves soldats?
De Salaberry n'eut plus l'occasion de se signaler. Il avait conquis tous
les grades que l'Angleterre pouvait accorder a un soldat catholique et
Canadien-Francais; la protection meme du duc de Kent n'aurait pu le le
faire sortir des rangs accessibles aux mediocrites. Une telle position
ne devait pas convenir a notre immortel compatriote. Il avait assez
fait, d'ailleurs, pour un gouvernement qui avait eu l'ingratitude
d'enlever a son illustre pere la demi-pension qu'il avait si noblement.
gagnee en combat
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